Octobre 1998

20 % des Français sont
vaccinés contre la grippe

Dominique ETIENNE

Le vaccin cru 98-99 a été mis à la disposition des patients le 23 septembre. Le marché du vaccin de la grippe est de taille mais reste constant : le taux de vaccination en France est de 20 % de la population générale. Les intérêts sont donc multiples, qu’ils soient privés ou publics.

Comme chaque année, le Geig (Groupe d’étude et d’information contre la grippe), structure commerciale qui regroupe les distributeurs du vaccin, a invité les médias à saluer la sortie du nouveau vaccin et sa campagne d’information " Vaccination antigrippale 98 ". Parallèlement, le fonds national de prévention de la Cnam lance sa campagne annuelle de prévention et d’appel à la vaccination. Ses responsables sont clairs : " En termes de santé publique, c’est l’acte de prévention qui a le meilleur rapport coût-efficacité ".

Cependant aussi, comme chaque année, les épidémiologistes ne peuvent rien prévoir quant à l’ampleur de l’épidémie. Le virus antigrippal de cette année a été conçu à partir de 2 souches, l’une provenant de Pékin, l’autre de Sydney. S’il provoque peu d’effets secondaires, il a deux défauts majeurs : il n’est actif que quelques mois seulement, et les souches grippales évoluant très vite, il doit être recomposé chaque année. " Il n’y a aucun espoir dans l’immédiat d’arriver rapidement à la fabrication d’un vaccin unique et efficace pendant des années " selon un responsable de Pasteur Mérieux.

Néanmoins, la recherche n’est pas en reste sur le front de la grippe. Les Rencontres européennes sur la grippe et la prévention ont permis de parler des perspectives d’avenir. Ainsi cette année, deux inhibiteurs d’un enzyme (neuraminidase) des virus A et B sont en évaluation. Ils seraient efficaces dans le cadre de deux stratégies mixtes : la prévention et le traitement au cours d’endémies dans des groupes de sujets non à risque (crèches, armée, etc…) ; l’association de vaccination-antigrippaux dans des collectivités de sujets à risques (personnes âgées en particulier), vaccinés. Cependant, l’utilisation d’antiviraux d’action rapide mais brève doit être un complément de la vaccination et non s’y substituer. Le zanamivir, actuellement évalué aux Etats-Unis, est l’un de ces inhibiteurs d’enzyme et est administrable par inhalation ou par voie orale.

Sur le terrain du vaccin, des études américaines montrent que les vaccins trivalents inactivés, actuellement disponibles, permettent de réduire les complications grippales graves. Ainsi la réduction de l’incidence des pneumonies (sujets âgés et diabétiques) et des otites moyennes aiguës (OMA) chez l’enfant de 6 à 30 mois peut atteindre 30%.

D’autre part, en 97-98, des travaux de recherche ont été menés aux Etats-Unis sur un vaccin conçu à partir de virus atténué et administré par voie nasale, qui s’est révélé très efficace en particulier sur des enfants entre 15 et 71 mois. Le dossier d’homologation a été déposé à la FDA.

Enfin, le vaccin trivalent inactivé, " adapté au froid " et administrable sous forme de spray chez le petit enfant, offre de nouvelles perspectives. La vaccination par voie parentérale chez le nourrisson n’est en effet utilisée que pour les cas à risque et est mal supportée. Aussi les résultats de ce vaccin en spray nasal sur la prévention des OMA ouvrent-ils une piste de recherche encourageante et innovante.

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