Octobre
2000
97 % des entreprises utilisent le-commerce
François
Morand
28 septembre
2000
Létude
menée par Andersen Consulting pendant cet été auprès de dirigeants
européens et américains (1) fait ressortir quils
sont 97 % à déclarer utiliser actuellement, de quelque façon que
ce soit, le commerce électronique. De plus, 70 % disposent dune
stratégie Internet, et près de 80 % ont mis au point des projets
destinés à exploiter le commerce électronique.
Ce
véritable plébiscite sexplique par le fait que les « dot-coms »,
ces entreprises de la nouvelle économie, ne sont désormais plus
seules sur la vague de la net-économie. Les « dot-corps »,
entreprises venant de léconomie traditionnelle, sont venues
les rejoindre dans un secteur en plein développement. Cette transformation
de léconomie, traduite dans un premier temps par lexplosion
du nombre de start-up, est due en grande partie à la modification
des méthodes et des stratégies de ces poids lourds de léconomie.
Le
e-commerce est désormais utilisé par 72 % des fonctions ventes et
marketing, ainsi que par 47 % des activités dapprovisionnement.
La correction boursière du printemps et la relative méconnaissance
du secteur pour les entreprises traditionnelles nont donc
pas empêché la transformation du paysage commercial mondial.
Cette
étude fait cependant ressortir que les entreprises américaines sont
bien plus actives dans lutilisation du commerce électronique
que leurs homologues européennes, leurs dirigeants considérant la
transformation de leur entreprise dans de nombreux domaines :
Dautre
part, il existe des différences en Europe entre des pays voisins :
ainsi 91 % des dirigeants allemands voit le e-commerce comme un
moyen de se placer en position stratégique dans leur domaine, contre
seulement 33 % de leurs homologues français.
Toutefois,
il apparaît dans cette étude que le développement du commerce électronique
résulte plus de la peur de la concurrence que dune volonté
de réduire les coûts : il sagit finalement dun
réflexe dauto-défense.
En
outre, tous les acteurs saccordent en ne considérant pas les
marchés du commerce électronique comme des marchés mondiaux, en
grande partie à cause des particularismes existant dans chaque pays.
Cela nempêche pas les entreprises européennes dêtre
plus ouvertes que leurs homologues américaines vers de nouveaux
marchés géographiques (38 % contre 22 %).
Par
ailleurs, si les entreprises européennes considèrent que la pénurie
de ressources qualifiées les freine dans leurs projets, les dirigeants
pensent tout de même que lEurope possède tout pour devenir
la plaque tournante du e-commerce. Les acquis technologiques et
une progression constante depuis deux ans semblent pouvoir leur
donner raison. Mais pour en arriver là, il apparaît quune
combinaison entre les qualités des dotcoms et celles des grandes
entreprises traditionnelles par le biais dalliances ou de
croissance interne soit le meilleur garant dune réussite future.
Il
ne faut cependant pas occulter les problèmes liés à ce type de transaction.
Ainsi, un sondage effectué par la cabinet détudes Raffour
Interactif montre que 72 % des internautes français sont méfiants
vis-à-vis du commerce électronique. Cest bien sûr les problèmes
de confidentialité (sécurité des modes de paiement, données personnelles
réutilisables) qui constituent le frein majeur à lachat en
ligne, les surcoûts liés à la livraison ou labsence de relation
commerciale physique constituant dautres inconvénients aux
yeux des personnes interrogées. Ces chiffres démontrent bien que
le B-to-C (commerce électronique envers les particuliers) est encore
fragile par rapport au B-to-B (commerce électronique entre professionnels),
et que ce frein au développement ne pourra disparaître quau
prix de profondes améliorations pour le consommateur.
Enfin,
il convient de remarquer quun fossé reste à combler entre
les déclarations et les réalisations. Quand 97 % des entreprises
affirment avoir recours dune façon ou dune autre
aux fonctions offertes par le e-commerce, cela ne signifie
évidemment pas que 97 % des activités industrielles et commerciales
sorganisent dorénavant dans le cyberespace. Le montant des
transactions dores et déjà traitées sur le Web montre dailleurs
que nous sommes encore loin de ce modèle de dématérialisation. Pour
les dirigeants dentreprises et les managers, le défie consiste
bel et bien à passer des intentions à la concrétisation de leurs
projets.
(1)
Enquête menée entre mai et juillet 2000 par Andersen Consulting
auprès de 648 personnes (610 entretiens téléphoniques et 38 entretiens
plus approfondis), dirigeants dentreprises en Europe, aux
Etats-Unis et en Afrique du Sud.
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