Près de 7% d'asthmatiques
dans la population française
François
MORAND
10 juillet 2001
2/2
Le
schéma de l'enquête
Prévalence
de l'asthme dans la population
Organisation
d'un suivi des asthmatiques
Opération
de dépistage de l'asthme
Organisation
d'un suivi des asthmatiques
Au
delà de cette étude épidémiologique
préalable, un suivi rétrospectif sur 20 mois a été
mis en place auprès de la population des asthmatiques connus
par le questionnaire général. Un premier questionnaire,
rétrospectif sur les quatre derniers mois, a permis d'isoler
les asthmatiques actuels pour lesquels deux nouveaux questionnaires
ont été adressés, toujours axés sur
les quatre mois précédant l'envoi. En revanche, les
ex-asthmatiques n'ont pas participé à la fin du suivi.
Ces trois questionnaires successifs ont permis réaliser un
recueil d'informations sur trois sujets:
- les symptômes de l'asthme
- le recours aux soins
- le traitement suivi.
De
plus, une étude sur le handicap lié à l'asthme
a été réalisée grâce à
la mise en place d'une "classification" des cas d'asthme.
Les
résultats de l'ensemble de ce suivi font apparaître
que les asthmatiques sont globalement satisfaits de la prise en
charge de leur asthme et qu'ils ne se jugent que légèrement
atteints par cette pathologie. Fait marquant, on remarque que l'observance
du traitement est très moyenne puisqu'ils sont près
de 30% à l'oublier régulièrement, indépendamment
du type de traitement et de handicap. Par ailleurs, alors qu'un
asthmatique sur deux n'a pas eu de bilan pour son asthme tout au
long de ces 20 mois de suivi, près de 12% ont eu recours
à l'hôpital, que ce soit dans un service d'urgence
sans hospitalisation ou en hospitalisation d'urgence. De plus, le
nombre de consultations pour asthme au cours des 20 mois a été
en moyenne de 3,7 chez un généraliste et 2,4 chez
un spécialiste.
D'autre
part, une évaluation de la qualité de vie par l'échelle
du Notthingham Health Profile a permis de constater une dégradation
de celle-ci lorsque le handicap causé par l'asthme augmente.
C'est notamment le cas pour les dimensions "mobilité
physique" et "énergie" qui sont particulièrement
affectées pour les personnes très handicapées
par leur asthme.
Ainsi,
de grandes déficiences ont été mises en exergue
en matière d'observance de traitement, d'hospitalisations
en urgence ou de fréquence des bilans insuffisante. Et si
les asthmatiques portent un jugement modéré sur leur
pathologie, la demande d'information et d'éducation est néanmoins
importante, comme en témoigne les 54% de personnes favorables
à une mise à disposition d'un service téléphonique
gratuit 24h sur 24.
Opération
de dépistage de l'asthme
Au
delà de l'étude des asthmatiques connus, la FFSA a
décidé de monter une opération de dépistage
de l'asthme en partenariat avec 36 pneumologues libéraux
membres de l' Association des Pneumologues d'Ile-de-France (APIF).
Suite à l'application d'une grille d'analyse des réponses
au questionnaire général, des propositions de dépistage
ont été envoyées à 9% des répondants
à ce questionnaire. La combinaison de plusieurs critères
tels que les symptômes évocateurs d'asthme (sifflements
dans le poitrine, gêne respiratoire ou quintes de toux), les
allergies nasales ou les antécédents d'asthme a permis
de sélectionner des personnes qui seraient susceptibles d'être
asthmatiques, les très gros fumeurs ayant par ailleurs été
délibérément exclus de l'opération.
Finalement
une personne sur six s'est rendue à la consultation chez
l'un des pneumologues partenaires, mais une sensibilisation plus
globale a pu être mesurée grâce à des
relances courrier. En effet, 30% des personnes sollicitées
ont déclaré s'être rendu chez un médecin
"hors étude", alors que 10% pensent en faire part
à leur médecin traitant lors de leur prochaine consultation.
Ainsi, plus d'une personne sur deux a finalement été
sensibilisée par la démarche.
Par
ailleurs, les données issues des consultations ont été
répertoriées dans une fiche de recueil. Elles se décomposent
en plusieurs points : le mode de vie, les signes cliniques, les
examens systématiques comme les Explorations Fonctionnelles
Respiratoires (EFR), les conclusions diverses (diagnostic, nombre
de consultations, traitement prescrit
) et la coordination
avec le médecin traitant. L'analyse de ces résultats
montre que plus de 27% des personnes examinées ont été
déclarées asthmatiques. Ce pourcentage monte même
jusqu'à 47% chez les enfants contre 24% chez les adultes,
ce qui met fortement en exergue le problème de sous-diagnostic
de l'asthme chez l'enfant.
D'autre part, il apparaît que les sifflements dans la poitrine
sont le symptôme le plus discriminant des personnes avérées
asthmatiques par rapport aux personnes non asthmatiques, ce phénomène
se retrouvant également au niveau de l'allergie (24,6% contre
8,7%). Enfin, 33,5% des non fumeurs sollicités ont été
révélés asthmatiques contre seulement 18,9%
des ex-fumeurs et 16% des fumeurs, ce qui peut s'expliquer par le
fait que la consommation de tabac peut entraîner l'apparition
de symptômes proches de l'asthme.
Globalement,
il ressort de ces résultats qu'un travail essentiel de sensibilisation
doit être mené dans le cadre d'actions de dépistage,
car si la population est réceptive, elle reste difficile
à mobiliser. Cependant, plus d'une personne sur trois vue
en consultation souhaite avoir des informations sur l'asthme. En
outre, 91% des personnes révélées asthmatiques
ont un médecin traitant et 62,7% souhaitent être suivies
par le pneumologue, en collaboration avec leur médecin traitant.
Cette attente atteste donc de la nécessité de mettre
en place une certaine coordination des soins. Enfin, un traitement
pour asthme a été prescrit pour 78,4% des cas d'asthme
dépistés, témoignant ainsi d'un besoin de prévention
et de prise en charge adaptée.
Les résultats de cette vaste et longue étude font
ressortir trois points essentiels :
- une augmentation
inquiétante de la fréquence de l'asthme, sans que
des explications indiscutables ne soient couramment admises. Il
est donc indispensable de tout mettre en uvre pour prévenir
cette évolution dans le futur.
- une observance
peu satisfaisante et une instabilité des asthmatiques,
ce qui renforce la nécessité de promouvoir l'éducation
des patients sur les risques de la pathologie et les moyens de
contrôle.
- un sous-diagnostic
chez l'enfant, rendant donc nécessaire la sensibilisation
et la formation des professionnels vis-à-vis de cette pathologie
qui cause encore actuellement trop de décès aisément
évitables en France.
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