Le
clonage reproductif :
un "crime contre l'espèce humaine"
Mathieu
Ozanam
26
février 2003
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Interdiction
du transfert d'embryon post mortem
Le transfert
d'embryon post mortem à une veuve après le décès
de son mari ou compagnon, introduit en janvier 2002 par amendement,
ne sera plus autorisé. Les inquiétudes des juristes
face aux problèmes de filiation et de situation patrimoniale
de l'enfant né orphelin ajoutés aux interrogations
éthiques et psychologiques ont eu raison de l'initiative
des députés. "Il paraît aberrant sur le
plan philosophique, psychologique, humain, mais aussi du droit,
de s'engager dans cette voie" explique Nicolas About, président
de la commission des Affaires sociale du Sénat. Le projet
de loi prévoit également pour les couples non mariés
la nécessité de justifier de deux ans de vie commune
avant de pouvoir accéder à l'assistance médicale
à la procréation (AMP). Le projet de loi se propose
également d'intégrer dans la loi des pratiques jusqu'à
présent tolérées, en particulier concernant
les couples sous le risque d'une infection par une maladie grave,
telle que le Sida, ainsi que le recueil et la conservation de gamètes
pour des personnes, même mineures, bénéficiant
d'un traitement médical comportant des risques pour leur
fertilité future.
Assistance
médicale à la procréation
Plus largement,
Jean-François Mattei a dénoncé à plusieurs
reprises dans la presse l'acharnement procréatif. Le développement
de l'AMP conduit à "des dérives inquiétantes"
avec des taux de prématurité, de gémellité
ou d'infirmité cérébrale chez les enfants issus
de ces techniques, a-t-il souligné. L'ICSI (injection intra-cytoplasmique
de spermatozoïdes) est proposée aux futurs parents sans
qu'il y ait eu d'expérimentation humaine sur les animaux.
S'inscrivant dans cette même protestation, Didier Sicard,
président du Comité consultatif national d'éthique
(CCNE), a cosigné avec Marie-Hélène Mouneyrat,
sa secrétaire générale, un article dans l'Express
du 16 janvier 2003 pour alerter sur "les conséquences
des techniques médicales à moyen et long terme"
notamment concernant les risques de stérilité des
garçons nés par ICSI.
L'engouement pour toutes ces méthodes de procréations
artificielles et les risques qui commencent à apparaître
d'anomalies génétiques préoccupent Jean-François
Mattei. Ces techniques sont directement passées à
l'expérimentation humaine sans passer par le stade de l'animal.
Une étude publiée dans The Lancet (inscription préalable
gratuite requise) révèle ainsi que l'incidence du
rétinoblastome, une tumeur maligne à l'il, est
5 à 7 fois supérieure chez les enfants conçus
par fécondation in vitro (FIV). La British Fertility Society
estime cependant que cette étude ne suffit pas à établir
un lien évident.
En France, on recense près de 9 000 naissances par an à
la suite d'une AMP, dont plus de 50 % dans le cadre d'une
ICSI. Les taux de réussite sont de l'ordre de 20 % pour
la FIV à 23 % pour l'ICSI .
La
brevetabilité du vivant et l'Agence de biomédecine
Le gouvernement
a également souhaité s'opposer clairement à
la brevetabilité des gènes humains en introduisant
deux amendements. Un sujet délicat à l'heure de la
transposition de la directive européenne 98-44/CE. (Lire
à ce sujet Prédisposition génétique
du cancer du sein : l'Institut Curie part en guerre). Il soutient
la création d'une "Agence de biomédecine"
qui engloberait les missions de l'Etablissement français
des greffes (EFG) et de l'Agence pour la procréation, l'embryologie
et la génétique humaines (APEGH).
La nouvelle
législation devrait être adoptée avant la fin
de l'année. Mais contrairement à la loi de 1994 qui
prévoyait une révision 5 ans plus tard, il n'y aura
plus d'échéance à terme fixe pour un réexamen
au motif que l'éthique doit être une préoccupation
permanente qui doit accompagner tout débat.
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février 2003
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