Le nouveau NHS
Un an après la fin du quasi marché

Hélène Wilkinson

1er avril 1999
Suite et fin (2/2)

Le contexte de la réforme

Nous l’avons vu, la réforme du nouveau NHS a été introduite alors que le quasi marché n’était pas encore pleinement arrivé à maturité. Il était encore difficile de mesurer ses effets sur la qualité des soins, son intérêt économique et son impact sur le niveau de satisfaction des malades/clients. L’ampleur et le nombre des nouvelles mesures à mettre en œuvre vont sans aucun doute encore alourdir la tâche des professionnels et cadres de la santé, déjà très sollicités.

La plupart des gens tiennent passionnément au concept de base du NHS (respecté par la nouvelle réforme), à savoir un système de soins offerts gratuitement à tous (et sans mécanisme de remboursement), quels que soient ses revenus. Néanmoins, certains groupes influents commencent à douter de sa viabilité à long terme sur un plan financier. Par exemple, les frais d’ordonnance à la charge du patient, qui sont d’un montant fixe quels que soient la nature des médicaments prescrits, leur quantité ou leur coût réel, ont fortement augmenté ces dernières années et s’élèvent aujourd’hui à £5,80 (environ 56F ou € 8,50).

L’opinion publique évolue aussi. Le corps médical, infirmier et paramédical inspire encore le respect ; mais la tragédie hautement médiatisée des " bébés de Bristol " (dans un hôpital de Bristol, la mort de 29 nourrissons est apparemment imputable essentiellement à l’incompétence de deux chirurgiens) et d’autres évènements semblables font que les malades et la population entière deviennent plus contestataires.

Les PCG, et tout particulièrement leur caractère obligatoire, ne font pas l’unanimité chez les médecins généralistes. Beaucoup d’entre eux se sentent tout simplement trop occupés pour prendre en charge ces nouvelles responsabilités. Le personnel infirmier doit siéger sur les conseils d’administration des PCGs au même titre que les médecins, mais il y sera représenté en moins grand nombre que ces derniers, et une nouvelle bataille interprofessionnelle s’engage. De plus, le personnel paramédical se sent tenu à l’écart des efforts fournis par le gouvernement pour engager effectivement le personnel de la santé dans les prises de décision, puisque ces efforts semblent avoir été portés uniquement sur le corps médical et infirmier.

Les chances de succès de la réforme

Dans l’ensemble, les concepts de base et les grand principes du nouveau NHS plaisent. Cependant, les aspects pratiques de leur mise en œuvre dans des organisations généralement très à court d’argent et avec un personnel surchargé de travail représentent un défi considérable. Il est certainement trop tôt pour tenter d’analyser l’impact de cette dernière réforme qui, dans un certain sens, peut être considérée comme menant le concept introduit par le gouvernement conservateur bien plus loin que celui-ci n’avait osé le faire quand il était au pouvoir.

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