Les
réseaux de soins
en cancérologie
Demi - succès ou demi - échec ?
David
BEME
15 mars
2000
Face
au cancer, première cause de mortalité en France, les mesures gouvernementales
passent dune démarche curative à une réelle politique de santé
publique. La réorganisation du système de prise en charge des patients
implique la mise en place de réseaux de soins. Institutionnalisés
par les ordonnances davril 1996 du plan Juppé, ces modes de
fonctionnement sont précisés par la circulaire DGS/DH du 24 mars
1998 propre à la cancérologie.
" L'ennemi de santé publique numéro 1"
Les
réseaux : piliers de la réorganisation du système de santé
Des
objectifs très précis
et pressant pour le patient
Les
réseaux de soins en cancérologie : une circulaire et des expériences
contrastées
L'avenir
des réseaux
"L'ennemi
de santé publique numéro 1"
Près
d'une chance sur deux pour un homme et plus d'une chance sur trois
pour une femme, telles sont les probabilités de contracter un cancer
au cours de sa vie. Selon le rapport " Le cancer en France
: incidence et mortalité " (La Documentation Française, décembre
1998) réalisé par la Direction Générale de la Santé et le réseau
national Francim qui tient les registres du cancer, la fréquence
des cancers a augmenté de 20% de 1975 à 1995, pendant que les chiffres
de la mortalité restaient stables. Pour plus d'informations, vous
pouvez consulter le site de la Fédération
Nationale des Centres de Lutte Contre le Cancer (FNCLCC).
Fédération
Nationale des Centres de
Lutte Contre le Cancer (FNCLCC).
De
plus si certains types de cancers sont en diminution, d'autres augmentent
de manière préoccupante. L'augmentation du nombre de femmes qui
fument devrait entraîner le triplement de la mortalité par cancer
du poumon chez les femmes d'ici 2020. Aujourd'hui, 22% des morts
par cancer sont imputables au tabac.
Enfin,
le nombre de facteurs de risques augmente et la population tend
à vieillir, ce qui devrait aboutir à une augmentation de ces chiffres
déjà accablants.
Les
avancées de la médecine tant au niveau du dépistage que du thérapeutique
expliquent la stagnation de la mortalité. En effet, il est commun
de penser que plus le diagnostic intervient tôt et plus les chances
de guérison sont élevées.
Contre
cette pathologie, les mesures gouvernementales visent au passage
d'une médecine curative à une politique de santé publique. Entamée
depuis plusieurs années et mise en lumière lors des Etats Généraux
de la Santé, ce virage passe par la réorganisation du système de
santé dans laquelle la mise en place de réseaux de soins joue un
rôle crucial.
Les
réseaux : piliers de la réorganisation du
système de santé
Initialement
à l'attention des catégories en extrême difficulté, les réseaux
de soins apparaissent désormais comme un enjeu majeur de la réorganisation
du système de santé. Un cadre juridique circonscrit désormais plus
précisément leurs missions. La décentralisation auprès d'autorités
régionales caractérise les modalités de mise en place et d'agrément
de ces structures.
Une
réflexion générale initiée lors des Etats Généraux de la Santé a
mis en évidence des carences concernant le système de soins, principalement
l'orientation parfois obscure du patient, l'absence de coordination
des soins, la multiplication des cloisonnements entre public et
privé, entre médecine générale et médecine spécialisée, et un manque
de cohérence entre la ville et l'hôpital (cf.
document thématique des Etats Généraux de la Santé intitulé "
L'hôpital et la ville ").
Les réseaux
: atout majeur de la réorganisation
Face
à ces dysfonctionnements, la solution la plus réactive et la plus
adéquate semble être les réseaux réunissant tous les professionnels
qui interviennent dans la prise en charge d'une pathologie ou d'une
population déterminée.
Devenue
un enjeu majeur de la réorganisation du système de santé, la mise
en place des réseaux de soins est l'élément majeur de la deuxième
génération des Schémas Régionaux d'Organisation Sanitaires (SROS).
Ces
documents administratifs constituent la description de l'offre de
soins hospitaliers en médecine, chirurgie, etc. ainsi que l'équipement
de matériel lourd et les activités d'accueil et de soins. Etablis
en 1999 pour une période de cinq ans, ces SROS intègrent les priorités
définies par le gouvernement qui consacre ce fonctionnement en réseau
pour la périnatalité et surtout la cancérologie. Depuis les ordonnances
du 24 avril 1996, cet acte administratif n'est plus arrêté par le
préfet de région mais se trouve placé sous la conduite du directeur
de l'Agence
Régionale de l'Hospitalisation (ARH).
Avant
d'étudier le mode d'organisation visant à répondre à une problématique
santé bien identifiée et complexe qu'est la cancérologie, le chapitre
suivant tentera de définir ce qu'est un réseau de soins.
De
l'absence de cadre juridique aux ordonnances d'avril 1996
La
stricte séparation du sanitaire et du social, et le manque de coordination
des soins mirent en évidence l'inadéquation entre le système de
prise en charge tel qu'il existait et certains groupes de population
en difficulté. Ainsi, les premiers réseaux furent créés à l'intention
des personnes âgées, des personnes en situation d'extrême précarité
et des personnes séropositives. Ce système intégra par la suite
les préoccupations telles que la toxicomanie et la santé des jeunes.
Souffrant
alors de l'absence d'un cadre législatif, ces initiatives furent
ensuite reconnues par des textes leur permettant ainsi un développement
moins désordonné (une loi et trois décrets pour les centres de santé
en 1991, une série de circulaires mettant en place des réseaux dévolus
à des services particuliers à partir de 1991). Ce sont surtout les
ordonnances d'avril 1996 du plan Juppé, qui ont " institutionnalisé
" ces modes de fonctionnements et la notion de " prise
en charge globale ".
Suite
15
mars 2000
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