Le
coût d'une vie
Laurent
ALEXANDRE
Mars
97
La première fonction des
thérapeutiques majeures est de sauver des années de vie. Ces années
de vie supplémentaires ont un coût qu'il est essentiel de connaître
afin de hiérarchiser l'efficacité médico-économique des traitements.
La spécialité cardio-vasculaire a bénéficié ces dernières années
d'une amélioration importante de la prise en charge de l'infarctus
du myocarde. La prévention primaire contrôlant les facteurs de risque
tels que l'hypertension et les dyslépidémies s'est développée efficacement.
Actuellement, les recherches affinent la prévention secondaire en
post-infarctus.
Si
les bêtabloquants ont démontré leur efficacité dans ce type de prévention
en diminuant le risque de récidive et de mortalité, les études plus
récentes sur l'utilisation des inhibiteurs de l'enzyme de conversion,
sont très encourageantes. Ainsi, la dernière étude qui analyse les
effets du Zofenopril, un inhibiteur de l'enzyme de conversion de
la classe du Captopril, sur la mortalité et la morbidité post infarctus
antérieur du myocarde met en évidence des gains importants en années
de vies.
Cette
étude randomisée en double aveugle sur 1556 patients et publiée
dans "The New England Journal of Medicine" en janvier
dernier par Ettore AMBROSIONI, Claudio BORGHI et Bruno MAGNANI fait
apparaître une différence significative par rapport au placebo sur
la fréquence des insuffisances cardiaques, et sur les décès à un
an.
L'intérêt
du traitement du post infarctus par les inhibiteurs de l'enzyme
de conversion au long terme était déjà démontré par de nombreuses
études. Les auteurs ont amélioré les connaissances sur la prise
en charge par traitement court de six semaines. Les résultats sont
impressionnants : l'incidence des décès et des insuffisances cardiaques
sévères à six semaines passe de 9,6% à 6,7% par rapport au placebo,
confirmant les études précédentes. L'apport essentiel de cette étude
a été de démontrer le gain à long terme d'un traitement court institué
dans les 24 heures de la phase aiguë de l'infarctus : Le taux de
décès à 1 an est de 10% dans le groupe traité par inhibiteur de
l'enzyme de conversion contre 14,1% dans le groupe placebo.
L'étude
New England confirme l'intérêt médical des I.E.C. dans cette indication
et démontré leur intérêt économique. Le traitement précoce du post
infarctus, par inhibiteur de l'enzyme de conversion, a un ratio
coût efficacité exceptionnel. En effet, le coût d'une année de vie
sauvée n'est que de 922 Francs, ce qui justifie sans contestation
possible la systématisation de cette prise en charge.
Le
coût d'une année de vie gagnée grâce au traitement préventif précoce
par inhibiteur de l'enzyme de conversion en post infarctus est très
faible. En effet, le coût journalier du traitement par inhiiteur
de l'enzyme de conversion est en moyenne de 9 Francs. La durée du
traitement dans l'étude étant de 6 semaines, soit 42 jours, le coût
du traitement est de 378 francs par malade. Sur 1000 patients, traités
selon le protocole, le Zofenopril permet de sauver 41 patients par
rapport au groupe placebo. Or, une vie sauvée correspond dans le
cas présent à 10 années de vie sauvées. Le coût d'une année de vie
sauvée est donc de 922 Francs. Il s'agit du meilleur ratio coût-efficacité
connu à ce jour en cardiologie. La plupart des thérapeutiques entraînent
un coût par année de vie sauvée supérieur à 100 000 Francs
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