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Vaccination contre la rougeole : concilier objectifs de santé
publique et pratique individuelle "
Synthèse
de lenquête menée
par lURML du Centre
28 juillet
1999
La
rougeole fait partie des maladies dont léradication est possible,
puisque le seul réservoir de virus est humain et quil existe
une prévention efficace. Linstauration dune politique
de vaccination a déjà entraîné une diminution de lincidence :
de 750 cas pour 100 000 à la fin des années soixante-dix à 95 cas
pour 100 000 en 1995. Aujourdhui lobjectif est dinterrompre
la circulation du virus dans la communauté européenne et de réduire
la transmission afin déviter lémergence de foyers épidémiques :
les cas de rougeole, de plus en plus tardifs du fait de la généralisation
de la vaccination des jeunes enfants, deviennent en effet de plus
en plus sévères du fait de leurs complications.
Conformément aux objectifs
de lOMS,
la France souhaite réduire lincidence de la rougeole à moins
dun cas pour 100 000 en lan 2 000 et atteindre
une couverture vaccinale de plus de 95% dans tous les départements.
Les dernières recommandations
de la DGS en matière de vaccination contre la rougeole ont ainsi
été introduites dans le calendrier
vaccinal de 1998.
Dans ce contexte, lURML
de la région Centre a réalisé, avec la collaboration de Medcost,
un audit des pratiques en matière de vaccination contre la rougeole.
Les
recommandations de la DGS
Atteindre
une couverture vaccinale de 95 % et :
- Améliorer
la couverture vaccinale avant lâge de 2 ans
- Promouvoir
la revaccination - Revacciner au plus tard à lâge
de 6 ans
- Sassurer
que les enfants de 11-13 ans ont reçu au moins une dose
de ROR et la leur proposer dans le cas contraire.
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Enseignements
de lenquête
Des professionnels
demandeurs dinformation
Des attentes en matière dinformation
ont été formulées par 55% des participants, concernant
essentiellement les informations scientifiques sur les vaccins,
les recommandations et les contre-indications, ainsi que les données
épidémiologiques. En effet, si 77 % des médecins déclarent être
suffisamment informés sur les vaccins, ils sont 10% de moins à avoir
connaissance de leurs caractéristiques spécifiques.
Plus de 80% des participants
nont pas vu de cas de rougeole depuis un an, et le
dernier diagnostic date même de plus de 5 ans pour la moitié dentre
eux. Ceci coïncide avec la diminution de lincidence de la
maladie. La rougeole devient une maladie rare dont le diagnostic
est difficile, dautant plus que les cas résiduels peuvent
apparaître sous des formes atypiques ou atténuées.
Quels
vaccins et quels vaccinateurs ?
Malgré les réticences qui subsistent
encore à lencontre du Ror, ce vaccin est le plus fréquemment
utilisé dans lenquête : 89% des enfants
vaccinés lont reçu en première vaccination, et il a été administré
dans plus de 90% des revaccinations recensées.
Le médecin généraliste est
le principal vaccinateur : il effectue 63% des premières
vaccinations et presque 80% des secondes. Le recours au pédiatre
diminue en effet aux âges de revaccination. Ces chiffres varient
cependant avec la taille de la commune de résidence, les pédiatres
exerçant principalement dans les grandes villes. En revanche, aucune
différence de pratique en matière de vaccination na été mise
en évidence entre pédiatres et généralistes.
Respect
des recommandations : encore des efforts à faire
Première vaccination :
des résultats globalement satisfaisants
90,3% des enfants vaccinés
au moins une fois contre la rougeole ; une couverture vaccinale
à 2 ans supérieure de 10,5 points à la moyenne nationale de 80%.
Néanmoins, cette couverture
ne reflète pas la réalité de la région puisquelle a été calculée
à partir denfants suivis par des médecins. De plus, si lâge
de vaccination est de 1.6 ans en moyenne, seulement 87%
des enfants étaient vaccinés avant lâge de 2 ans.
Le calendrier vaccinal stipule quavant
9 mois le vaccin est inutile car lenfant est encore protégé
par ses anti-corps maternels or 2% des enfants ont été
vaccinés avant cet âge.
La couverture des 11-13 ans
est difficile à estimer. Lâge moyen des enfants inclus
était de 5 ans ½. Ainsi seulement 321 enfants âgés de 11 à 13 ans
ont pu être observés, et seuls 9 dentre eux, soit 2,8%, nont
jamais été vaccinés contre la rougeole.
On remarque enfin que lâge
de la première vaccination varie selon la taille de la commune :
elle est pratiquée plus tôt dans les grandes villes. Les médecins
ont en effet tendance à vacciner plus jeunes des enfants qui sont
plus tôt en collectivité.
Revaccination :
une question plus incertaine
Les enfants ayant déjà reçu
une dose avant lâge dun an doivent être systématiquement
revaccinés par le ROR : 16,6% seulement des cas rencontrés
dans lenquête (8% des enfants inclus) lont été.
Seuls 21% des enfants vaccinés
ont reçu une seconde dose et 12,2% seulement des revaccinations
recensées ont eu lieu avant lâge de 6 ans, conformément au
nouveau calendrier vaccinal : la seconde dose de vaccin contre
la rougeole est été administrée vers lâge de 8,6 ans en moyenne.
Néanmoins, plus de 50% des
enfants qui ont reçu une seconde dose en ont bénéficié au cours
de lenquête. Létude aura donc contribué à revacciner
un nombre non négligeable denfants.
Fiche
technique de lenquête
Lenquête
sur le ROR a été conduite en octobre 1998, sur un mois,
auprès des médecins généralistes, des pédiatres et des
PMI de la région Centre.
Deux
types de questionnaires leur ont été envoyés :
- Un questionnaire
destiné à recueillir des renseignements sur les patients
(notamment vaccination contre la rougeole et diagnostic
éventuel de rougeole). Les médecins devaient renseigner
ce questionnaire pour les 20 premiers enfants âgés de
1 à 13 ans se présentant à leur cabinet.
- Un questionnaire
invitant les médecins à sexprimer sur leurs pratiques
en termes de diagnostic et de vaccination contre la
rougeole ainsi sur que leurs besoins en matière dinformation
et de formation sur les vaccinations.
Près
de 3 000 médecins ont été invités à participer :
256 ont répondu au courrier soit un taux de 8,5%. Néanmoins,
certains dentre eux ont spécifié quils ne
souhaitaient pas participer à lenquête : le
taux de participation réel est ainsi de lordre de
6,2%. Ces 187 médecins ont inclus 3165 patients dans lenquête.
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