Les
stratégies de portefeuille de produits des grands laboratoires
Corinne
Radal et Laurent
Alexandre
30 septembre
2000
Suite et fin
(2/2)
Et demain ? Un passage obligé par les
biotechnologies ?
Au
cours des prochaines années, les expiration de brevets vont se multiplier.
Les laboratoires vont donc continuer à se rapprocher et à recomposer
leurs portefeuilles de produits pour affiner leur position stratégique.
Plusieurs mouvements de ce genre sont dores et déjà attendus
(voire annoncés) à court terme.
Ainsi,
Pierre Fabre et BioMérieux ont annoncé leur rapprochement le 21
septembre dernier. Cette fusion donnera naissance au groupe BioMérieux-Pierre
Fabre à compter du 1er janvier 2001, qui sera présent principalement
dans 4 domaines : le diagnostic clinique, la pharmacie, limmunothérapie
et la dermo-cosmétique. Il est possible que cette fusion donne lieu
à des recompositions de portefeuille de produits en vertu des lois
sur la concurrence.
De
la même manière, on va peut-être bientôt assister à des transactions
dans le domaine des produits de sevrage tabagique. La FTC (Federal
Trade Commission) a en effet reporté la fusion Glaxo-SB (qui devait
survenir fin septembre) dans lattente dun complément
dinfos sur ces produits : aux Etats-Unis, Glaxo commercialise
le Zyban (sur prescription) et SB les produits OTC Nicorette et
Nicoderm.
Enfin,
Aventis devrait prochainement se séparer du Revasc. Cette cession
a été demandée par la FTC ,après que le laboratoire ne se soit pas
séparé du Refludan dans le délai de 6 mois qui lui avait été imparti
pour le faire lors de la fusion RPR-Hoechst.
Néanmoins,
ces transactions, même si elles permettent de définir de nouvelles
stratégies, ne constituent pas une solution de long terme aux problèmes
dexpiration de brevets. Les laboratoires doivent de toute
manière lancer de nouvelles molécules pour remplacer leurs médicaments
concurrencés par les génériques. En outre, les nouveaux médicaments
sont souvent seulement marginalement innovants, si bien qu'ils rencontrent
de la compétition avec une rapidité croissante. On assiste donc
à une véritable une course à l'innovation, et cette innovation passe
aujourdhui par lexploitation des nouvelles technologies.
Les
biotechnologies (génomique, bioinformatique, proétomique) multiplient
par 10 ou par 20 les potentialités de découverte de nouveaux médicaments
: identification des gènes impliqués dans les maladies, découverte
et validation accélérée de nouvelles cibles thérapeutiques, réduction
des coûteux échecs en phase de développement (qui représentent environ
75% des coûts de développement des médicaments)
Ces
nouvelles technologies révolutionnent la recherche, qui est désormais
basée beaucoup plus sur le calcul et la modélisation que sur lexpérimentation,
mais la rendent également plus complexe, et plus évolutive. Cest
pourquoi les grands groupes lexternalisent de plus en plus.
La tendance actuelle est ainsi à létablissement de partenariats,
qui sont davantage orientés sur les produits que sur les technologies.
Le
premier " grand " partenariat de ce genre a
été établi en 1998 entre Bayer et Millennium, jeune société de biotechnologies.
Il prévoit pour 465 millions de dollars la livraison à Bayer de
cibles thérapeutiques impliquées dans les infections virales, le
cancer, les maladies cardio-vasculaires, du foie et du sang.
Tous
les grands laboratoires investissent désormais dans les biotechnologies.
Un nouvel accord a encore été annoncé le 28 septembre dernier entre
BMS et la société de biotechnologie américaine Lexicon Genetics.
Centré sur la génomique, laccord prévoit que Lexicon reçoive
un financement de 15 à 25 millions de dollars pour ses travaux sur
lidentification des gènes impliqués dans les maladies.
En
juin 2000, une alliance dun nouveau genre a vu le jour : Aventis
a conclu un partenariat avec Millennium de 450 millions de dollars,
pour le développement et la mise sur le marché conjointe de molécules
pour le traitement des maladies inflammatoires.
Nul
doute que désormais les liens entre les laboratoires et les entreprises
de nouvelles technologies vont se resserrer et intervenir tout au
long du développement du médicament, depuis lidentification
de la cible thérapeutique jusquau suivi sur le marché, en
passant bien entendu par les essais cliniques réalisés sur Internet.
Tableau récapitulatif des récents mouvements
de portefeuille de produits
Date
|
Produit
|
Ccédeur
|
Acquéreur
|
Ttransaction
|
31/08/2000
|
Famvir
Vectavir/
Denavir
|
SB
|
Novartis
|
1.63 milliards
de $
Acquisition des
droits mondiaux de marketing, production et propriété intellectuelle.
|
31/08/2000
|
Kytril
|
SB
|
Roche
|
1.23 milliards
de $
Acquisition des
droits mondiaux
|
31/08/2000
|
Coreg
|
Roche
|
SB
|
400 millions de
$
Acquisition de lexclusivité
des droits de commercialisation pour les Etats-Unis et le
Canada
|
05/09/2000
|
Josacine
|
Aventis
|
Bayer Pharma
|
< 200 millions
de F
Acquisition des
droits de commercialisation
|
?
|
Refludan
|
Aventis
|
?
|
Cession demandée
par la FTC, après quAventis nait pas renoncé à
ses droits sur Revasc comme convenu lors de la fusion Hoechst-RPR
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