A votre santé !
L'économie
de la santé en sept dialogues
Gérard
de Pouvourville
Président du Collège des Economistes
de la Santé
Par
Catherine
Dupilet
3 avril
2001
Gérard
de Pouvourville, directeur d'une unité de recherches à
l'INSERM et
président du Collège
des Economistes de la Santé est quelqu'un de sérieux.
Mais sérieux ne rime pas forcément avec "ennuyeux".
Son court ouvrage " l'Economie de la santé en sept dialogues"
en offre la démonstration.
Les grands principes de l'économie de la santé y sont
expliqués avec beaucoup d'humour. Le personnage principal,
un économiste du nom de "La Flèche", se
rend chaque matin dans son café de quartier avant de partir
travailler. Là il rencontre les habitués. De bon matin
les discussions tournent autour des informations que l'on a entendues
dans le journal du 20h00 de la veille. Et par exemple : "Pourquoi
devrait-on continuer à maîtriser les dépenses
de santé, alors que, selon le rapport de l'OMS, le système
français est le meilleur au monde ?" (Lire
l'interview de Gérard de Pouvourville).
L'économiste
explique alors que l'excellent classement du système de santé
français est dû au choix des indicateurs et de leur
pondération. Dans son palmarès, l'OMS retient trois
indicateurs de la performance des systèmes de santé
:
- l'amélioration de la santé de la population
- la réactivité du système aux attentes
des personnes
- la contribution financière.
Il
tient également compte de l'équité du système.
L'espérance de vie corrigée de l'incapacité
représente la moitié des coefficients de pondération,
alors que l'on ne sait pas dans quelle mesure on peut attribuer
l'augmentation de l'espérance de vie au seul système
de santé. La mesure de l'équité en matière
de santé a été capturée sur la mortalité
infantile, hors cet indicateur ne reflète qu'une partie de
l'inéquité. La réactivité a été
établie à partir de dire d'informateurs et non d'un
véritable recueil de données.
Le
débat des économistes autour du coût social
du tabac est également évoqué. Il remet en
cause la thèse de Pierre Lemieux, selon laquelle l'industrie
du tabac rapporterait davantage à la société
qu'elle ne lui coûte. L'auteur rappelle que le marché
du travail ne cesse de s'adapter. Par conséquent la réduction
de l'activité des industries du tabac, voire leur disparition,
ne constituerait pas une perte sèche pour la société.
Les employés offriraient leurs services ailleurs, et l'industrie
se reconvertirait dans une autre production. Il n'y aurait donc
aucun préjudice à long terme pour la société.
Le débat sur la mise en concurrence des assurances est également
évoqué.
Ces
discussions, qui ne sont pas sans rappeler les "brèves
de comptoirs", ont un rôle pédagogique. Jouant
sur une très grande accessibilité grâce au style
emprunté (7 jours en 111 pages), ce livre est l'occasion
pour l'auteur de faire un cours sur l'économie de la santé.
Le lecteur néophyte y découvrira la discipline, les
débats qui l'animent et pourra constater que l'économie
de la santé est au cur de sa vie quotidienne.
Gérard,
la même chose !
L'économie
de la santé en sept dialogues, Gérard de Pouvourville,
111 pages, Editions de l'atelier.
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3
avril 2001
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