2020 : odyssée de la santé
Quel système de santé à
l'horizon 2020 ?
Rapport préparatoire au schéma de services collectifs
sanitaires
Par
Mathieu Ozanam
24 avril 2001
"Quel
système de santé à l'horizon 2020 ?",
c'est la question à laquelle le rapport réalisé
sous la direction de Dominique Polton s'efforce de répondre.
En 1993 c'est Raymond Soubie qui s'était essayé à
l'exercice avec le rapport
Santé 2010. "Et un de plus" diront les plus
blasés, "tout augmente" feront remarquer les plus
ironiques.
Les contributeurs de la version 2000 le reconnaissent bien volontiers
: ils ne proposent pas de "vision futuriste" et beaucoup
d'idées ont déjà été évoquées
dans les débats actuels. Mieux, les auteurs prennent les
devants face aux critiques qui pourraient leur être adressées,
en remarquant que "certes jusqu'à présent, tous
les exercices prospectifs se sont trompés et la présente
réflexion n'y fera certainement pas exception, mais ce n'est
pas une raison pour ne pas la poursuivre !".
Le
rapport s'ouvre donc sur la présentation du paysage actuel
: la population française vieillit, ce qui induit de nouveaux
comportements, la démographie médicale est préoccupante
et le progrès technique va changer les pratiques et introduire
de nouveaux débats. Mais ce qu'il faut surtout retenir de
ce rapport c'est son parti pris pour la régionalisation du
système de santé : "une certaine décentralisation
est inévitable".
En somme, Etat moderne, Etat modeste, comme le disait le sociologue
des organisations Michel Crozier. Le contre-exemple étant
le processus d'agrément des réseaux de soins, "un
peu caricatural". Mais attention à ne pas se méprendre.
Les régions ne seront pas livrées à elles-mêmes.
A l'Etat central la définition des objectifs nationaux avec
un accompagnement technique en amont et l'évaluation en aval,
aux régions le pilotage et la gestion du système de
santé. L'Etat reste chargé de la cohérence
en garantissant l'équité entre toutes les régions,
en veillant à la solidarité nationale et en coordonnant
les politiques de prévention et la santé publique.
Mais
quel est l'intérêt d'avancer vers la régionalisation
? La responsabilisation des acteurs et l'autonomie. Le projet de
mise en concurrence d'AXA était bien une façon de
responsabiliser les offreurs et les consommateurs de soins, mais
pas de créer de l'autonomie. Les acteurs locaux seront amenés
à travailler de plus en plus collectivement, que ce soit
en cabinet de groupe ou en réseau et la régionalisation
favorisera la mise en place de nouvelles formes de régulation
contractuelle et incitatives. L'hôpital devra quant à
lui mieux s'insérer dans son environnement, en se coordonnant
avec le secteur ambulatoire, et en conciliant la technicisation
de la pratique médicale avec une plus forte dimension humaine
et relationnelle des soins.
Les
auteurs ne cachent pas qu'ils ont rencontrées des difficultés:
"Les travaux techniques que nous avons cherchés à
mener ont témoigné d'un certain manque de matériau
et même d'intérêt pour la prospective de la part
de beaucoup d'interlocuteurs." Ils suggèrent donc de
créer les conditions pour instaurer une culture de veille,
en développant des systèmes d'information et de surveillance
en matière de pratiques médicales, de métiers,
d'organisation des soins, ce qui suppose bien sûr des évolutions
culturelles et donc du temps. Rendez-vous dans quelques années
pour un nouveau rapport "Santé 2030".
Quel
système de santé à l'horizon 2020? Rapport
préparatoire au schéma de services collectifs sanitaires
Ministère de l'Emploi et de la Solidarité - IRDES
- DATAR, 2001, La Documentation française, 364 pages, 111
FF
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avril 2001
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