Hospitalisations
inappropriées !
Une enquête menée par le CHU de Caen
Caroline
Sevellec
6
novembre 2002
Au
CHU de CAEN, une enquête récente
sur les hospitalisations dites "inappropriées" a été menée
par la Commission médicale d'établissement (CME). Elle révèle que
67 patients, en moyenne, sont présents chaque jour au CHU sans "réelle"
raison médicale. La principale cause mise en évidence est l'absence
de services de suite.
Méthodologie
Pour
quantifier ce phénomène et en comprendre les causes, un questionnaire
a été élaboré. Il comporte 26 items servant à définir la gravité
clinique, l'importance des soins requis et la pertinence de la présence
de chaque patient.
Les
auteurs de l'enquête se sont inspirés de l' "appropriateness
evaluation protocol" et de la grille "Delay". La
présence de 2 180 patients dans les unités d'hospitalisation
complète de médecine et de chirurgie a été analysée entre le 18
avril et le 29 juin 2001. Trois visites ont été effectuées dans
chaque unité sur différents jours définis de manière aléatoire :
lundi, mercredi et vendredi.
67
"faux" malades présents chaque jour au CHU
Sur
les 2180 hospitalisations étudiées, 939 patients ont été pris en
charge en chirurgie et 1241 en services de médecine. Le pourcentage
de malades présents sans "réelle" raison s'établit respectivement
à 7,03 % et à 10,88 %. Le taux moyen s'élève à 9,22 %
soit 201 patients. Si ce taux est appliqué à la capacité totale
de lits actifs, on s‘aperçoit que 67 patients, par jour, sont présents
sans raison médicale strictement valable, sur l’ensemble du CHU.
Selon M. Marc-François Guimbard, responsable de communication, ce
chiffre montre un défaut d’organisation qui pourrait expliquer,
en partie, pourquoi la capacité d’accueil des malades est insuffisante.
Une
cause principale : l'absence de service de suite
En
médecine, comme en chirurgie, la cause principale est l'absence
de service de suite (respectivement 74 % et 89 %). On
trouve ensuite une seconde série de causes de moindre importance,
comme la sortie non ou mal planifiée (14% en médecine, 4,5 %
en chirurgie) ou bien l'indécision liée au patient ou à la famille
(12,6 % et 4, 5 %). La cause externe constitue donc une
part importante du problème, sur laquelle on ne peut pas agir directement
contrairement aux causes internes.
Les
patients en attente de services de suite : des personnes âgées
admises aux urgences
Les
patients en attente de services de suite ont été admis aux urgences
(71 %) ou en hospitalisation programmée (16 %). 56,6 %
sont des femmes. L'âge moyen est de 71 ans. 48,7 % viennent
du Calvados, 34 % de Caen et 17,3 % d'un autre département.
A l'issue de leur séjour, 44 % de ces patients partiront en
convalescence, 30 % seront transférés et 21 % rejoindront
leur domicile.
Des
solutions : prévoir le mode de sortie dès la programmation
de l'hospitalisation
Pour
pallier ce dysfonctionnement, des solutions sont envisagées comme
la prévision du mode de sortie dès la programmation de l'hospitalisation,
la réalisation d'un maximum de bilan et de suivi en consultation
externe ou encore le développement d'un partenariat avec la médecine
de ville. En externe, les solutions relèvent de l'organisation de
l'offre régionale de soins, telle que l'ouverture d'un secteur de
moyen séjour de 60 lits sur Caen.
D’après
M. Guimbard, cette enquête a permis de quantifier un phénomène qui
tend à être reconnu de manière officielle et qui constitue une piste
de réflexion pour tous les établissements hospitaliers.
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6
novembre 2002
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