« Le
Bhazzar de l'Hyper Vide vous souhaite la bienvenue ». L’internaute
incrédule qui après avoir tapé l’adresse bhv.org
pensait pouvoir visiter son grand magasin parisien préféré, en sera
pour ses frais. L’an dernier les « coucous » sévissaient
sur la Toile. Ces internautes indélicats s’appropriaient le nom
d’une marque ou d’une société en déposant le nom de domaine auprès
d’un organisme d’enregistrement, avec l’espoir de la céder à son
propriétaire « naturel » moyennant finance. Autre motivation :
l’effet supposé d’aspirateur d’audience de certaines adresses. D’où
par exemple le duel au sommet entre deux Américains pour la possession
du fameux sex.com.
Pas de
problème de cette nature pour le ministère de la santé et son portail
sante.fr ouvert
depuis 1998, le nom ayant été retenu auprès de l’AFNIC, quelques mois avant qu’elle
ne durcisse sa politique d’attribution. Le ministère et les
agences ont en effet pris assez tôt le virage d’Internet, mais semblent
ne pas avoir beaucoup évolués depuis, tant dans les outils utilisés
(peu de moteurs de recherches et peu de newsletters) que dans la
façon d’appréhender son public. Le nombre d’internautes a considérablement
augmenté en trois ans et l’audience potentielle s’en est trouvée
élargie.
Le
site du ministère de la santé fait figure de parent pauvre face
à ceux des autres ministères, qu’il s’agisse de celui très esthétique
et parfaitement à jour du ministère de l’Agriculture
ou de celui des Affaires
Etrangères et de sa visite du Quai d’Orsay en vues panoramiques.
A sa décharge il faut reconnaître qu’il existe depuis 1997 et que
sa mue est prévue pour cette année, vraisemblablement après l’été.
Sa nouvelle version sera plus colorée et présentera davantage d’illustrations,
tout en délivrant une information plus facilement compréhensible
pour des néophytes.
Quant
à Sante.fr, avec un tel titre l’internaute aurait pu s’attendre
à visiter une sorte de référence universelle et encyclopédique sur
la santé, le must du must des sites santé. Mais il lui faut se rendre
à l’évidence, ses ambitions sont beaucoup plus modestes. Il s’agit
en réalité d’un portail dans la plus simple acceptation du terme
avec en tout et pour tout une page d’accueil qui souhaite la bienvenue
et propose des liens vers sept agences et le ministère : l’AFSSAPS,
l’AFSSA, l’ANAES,
le CFES,
l’EFS, l’InVS
et l’OPRI. Pour lever les derniers doutes
sur le caractère du portail, un avertissement précise que « les
sites Internet accessibles depuis l’adresse sante.fr relèvent d’institutions
publiques dont les missions sont sans objet commercial ». En
clair, pas de ça chez nous ! Cette sobriété on la retrouve
sur la plupart de ces sites. Peu d’illustrations, des tunnels de
pages noircies de textes, un graphisme parfois très géométrique.
« Vous savez, nous ne sommes pas dans une
start-up… »
« Vous
savez, nous ne sommes pas dans une start-up. Dans notre milieu les
choses évoluent à leur rythme, et plusieurs étapes de validation
sont parfois nécessaires pour obtenir les crédits nécessaires à
tel ou tel développement. De plus l’utilité d’Internet n’est pas
toujours bien comprise par nos équipes dirigeantes » s’excuse
presque l’un des webmestres. Autre exemple de la rigueur que l’on
peut rencontrer sur ces sites, l’avertissement qui apparaît lorsque
le visiteur quitte le site de l’ANAES en cliquant sur un site répertorié
dans l’annuaire : « Attention ! Vous allez quitter le
site de l’ANAES. Le lien proposé est donné à titre indicatif. Les
informations que vous trouverez ne sont pas sous notre responsabilité ».
Le ton utilisé peut paraître sévère, il révèle que la cible initiale
de ces sites étaient destinés aux professionnels de santé et aux
professionnels de la profession, et pas au grand public, hormis
le site du Comité Français d’Education pour la Santé bien sûr.
Pas très
attrayant donc, mais rien que du sérieux, et le site de l’ANAES
est dans sa catégorie un modèle du genre. Difficile par exemple
de faire plus complet que sa carte
d’identité et sa base documentaire, constituée depuis sa création
en 1997, est des plus solides avec plus de 150 titres au catalogue,
téléchargeables et entièrement gratuits. Il faudra bientôt y ajouter
la masse de documents produits par feu l’ANDEM entre 1991 et 1997
qu’il reste à scanner, et des traductions en anglais en projet.