Les associations de patients sont nombreuses, l'Annuaire
des Associations de Santé recense 6500 associations de santé
(malades, de familles de malades, et celles ayant un objet d'aide
et de soutien dans le domaine de la santé.) et 9100 adresses sur
le plan national et local.
Les
associations de malades : un acteur majeur du système de
santé
Le
rôle des association de malades est de plus en plus souvent
souligné. Les associations en santé sont diverses
:
les associations
qui se concentrent sur la défense du droit des usagers
et qui contribuent par exemple à assurer leur représentation
dans certaines instances (voir le Rapport sur "la
place des usagers dans le système de santé"
par le groupe de travail présidé par Etienne Caniard,
(lire
notre article à ce sujet)
Des
sociologues
ont bien montré comment les associations de malades du sida
avaient beaucoup uvré pour la reconnaissance de l'autonomie
des malades en tant que partenaires à part entière
des milieux médicaux, économiques et politiques (visiter
le site Associations de malades).
L'exemple des maladies génétiques rares a démontré
comment l'orientation de la recherche et ses modalités d'organisation
avaient été en partie façonnées par
des associations de patients. Leur implication dans la recherche
ne se produit pas seulement en aval. Elle remonte très en
amont pour prendre en charge des problèmes qui étaient
jusqu'alors le monopole indiscuté de spécialistes.
Ainsi, l'AFM
a joué un rôle majeur dans la détermination
de la cartographie du génome humain grâce au financement
du Généthon. Les malades et leurs familles ont activement
participé à la production des connaissances. Ils ont
encadré de manière souple le travail des spécialistes.
Cette forme originale de rapports entre malades, cliniciens et chercheurs
illustre un modèle
d'apprentissage collectif novateur (lire L'implication des malades
dans les activités de recherche soutenues par l'Association
française contre les myopathies).
Plus communément, les associations aident les patients dans
leur quotidien (accès aux droits sociaux, soutien moral,
orientation vers certaines ressources médicales ), les
forment à l'auto prise en charge (maladies chroniques), permettent
la communication entre patients (groupes de parole ).
Carte
d'identité, documentation, militantisme et communication
en ligne
"L'APF
est une association qui a pour vocation initiale de tout faire pour
que chaque personne handicapée puisse vivre sa citoyenneté
au quotidien en choisissant son lieu et son mode de vie. Le chemin
est encore long et semé d'embûches ( )".
"L'Union Nationale des Associations de Parents et Amis de Personnes
Handicapées Mentales (UNAPEI)
est une fédération d'associations reconnue d'utilité
publique qui uvre pour que la dignité des personnes
handicapées mentales et de leurs familles soit reconnue et
garantie ( )".
Les associations se présentent sur Internet : objet, statuts,
discours des dirigeants, dates des assemblées générales,
actions entreprises, finances
Elles mettent en ligne leurs ressources : coordonnées des
antennes départementales ou régionales, des centres
de soins partenaires, des services téléphoniques,
lettres et revues téléchargeables (voir par
exemple le site de la Nafsep dans le domaine de la sclérose
en plaques). Le premier intérêt des sites des associations
est donc leur aspect pratique, pour les adhérents ou pour
ceux qui veulent adhérer.
Le militantisme peut prendre la forme de la pétition en ligne.
Ainsi, le site de l'APF invite à imprimer une lettre préécrite
destinée à "Monsieur le Premier ministre"
afin de demander la "revalorisation de l'allocation compensatrice
pour tierce personne (ACTP)", et plus fondamentalement "l'égalité
de traitement entre les personnes handicapées et les personnes
âgées dépendantes".
Lorsqu'elles
proposent des forums de patients, les associations rassemblent au-delà
d'elles-mêmes, puisque des non membres peuvent participer
(lire notre article Malade,
mais plus seul : les communautés virtuelles de patients).
D'une autre façon, la mise en relation de malades est spectaculaire
lorsqu'elle permet à des personnes atteintes de maladies
rares d'entrer en contact : une page personnelle joue alors comme
point de ralliement pour quelques patients dans le monde. La communication
et l'entraide électronique peuvent prendre des formes inattendues.
Pour des pathologies graves, les patients diffusent la liste des
essais cliniques en cours, les coordonnées des centres investigateurs
où les inclusions sont encore possible, le détail
des critères d'inclusion, les réponses qui doivent
être données pour être inclus dans l'essai
Comme l'explique Charles Taïeb, Charles Taïeb, responsable
des programmes pharmaco-économiques chez Pierre Fabre (lire
notre interview), les patients peuvent même aller jusqu'à
partager des traitements, avec, dans le pire des cas, la mise en
place d'un marché parallèle pour n'obtenir en fin
de compte qu'un placebo
Au-delà
des "sites plaquette" ?
De
façon générale, l'ergonomie et le contenu des
sites associatifs sont plutôt faibles, même si des différences
sont visibles entre les petites associations et les plus riches.
Jalouses de leur indépendance, les associations ne fédèrent
pas leurs efforts. A titre d'exemple, l'ARSEP (Association
de recherche contre la sclérose en plaques) héberge
un forum de patients, mais la Ligue Française contre la sclérose
en plaques a aussi développé son propre forum. Si
les échanges étaient mutualisés, ils seraient
probablement plus riches.
Comment
un site associatif peut-il dépasser la simple mise en ligne
de ses ressources ? Le forum de patients n'est pas la seule solution.
Les sites peuvent tenter de devenir des portails dans leur domaine
de référence. L'Association pour la recherche sur
le cancer (ARC) développe une bases de données des
sites sur le cancer et propose un moteur de recherche. Les appels
d'offre tournés vers la communauté des chercheurs
sont mis en ligne. L'UNAPEI est le portail du handicap mental.
Les technologies, par l'éventail des domaines qu'elles concernent,
leur convivialité, leur facilité d'utilisation, le
plaisir et l'attrait qu'elles suscitent, offrent des possibilités
concrètes et quotidiennes de compensation de certains handicaps,
notamment le handicap mental. Certaines associations pourront développer
des logiciels éducatifs en mode ASP. Des modules d'aide à
l'auto prise en charge pourront aussi enrichir les services électroniques
offerts par les associations.
Au-delà, le web associatif sera le reflet des projets en
matière de technologie informationnelle. Vu leur légitimité,
on peut penser que certaines associations pourront être des
partenaires de poids dans l'élaboration d'applications de
gestion de données personnelles en santé. Les associations
de patients ont fait part au Premier Ministre de leur impatience
face aux retards pris par le projet de loi concernant le droit d'accès
au dossier médical. Face aux différents dossiers de
santé aujourd'hui disponibles en ligne, il n'est pas impossible
d'imaginer à terme de voir les associations s'adosser à
des acteurs techniques, pour propose à leur tour des dossiers
de santé spécialisés, bénéficiant
déjà de la confiance de leurs adhérents.