"Dès
le lancement du projet, nous avons adopté une attitude de
mormons". C'est Tristan Micol l'un des deux cofondateurs de
Travhealth qui l'avoue. Si l'image est austère, il s'agit
surtout d'insister sur la différence de comportement entre
la jeune société créée en janvier 2000
et les sites santé qui, pris dans le vent de folie de la
"nouvelle économie" ont vu grand, ont mis de gros
moyens et font face aujourd'hui à de grosses difficultés. Travhealth
propose aux internautes de renseigner leur dossier de santé
en ligne. "Le plus difficile a été de résumer
toute la médecine en 150 questions fermées. Elles
doivent être suffisamment simples pour qu'un patient puisse
documenter lui-même son dossier, et être assez précises
pour que les informations aient un sens pour les médecins".
D'où une longue phase de tests de six mois à la Pitié-Salpetrière
auprès de patients et de professionnels de santé.
Six formules sont disponibles : les Pack "Santé"
et "Santé enfants", gratuits peuvent être
considérés comme des produits d'appel. Pour un abonnement
de 27 Euros par an les Packs "Santé Voyages" et
sa déclinaison pour les enfants, le Pack Gynéco-obstétrique
et le Pack Cardio-vasculaire, sont accessibles en huit langues,
et un pack "Sports" devrait voir le jour d'ici à
la fin de l'année. Le voyageur peut donc se rendre dans 165
pays et être certain
d'être compris (lire
notre entretien avec Tristan Micol).
Et là où l'accès à Internet est difficile
? "Il est toujours possible d'imprimer son dossier dans la
langue du pays visité et de l'avoir sur soi".
Un
choix payant
En 2000, année euphorique pour la nouvelle économie,
Travhealth fait figure d'extra-terrestre avec ses dossiers de santé
payants, alors que la très grande majorité des site
offrent services et informations en libre accès. Un an plus
tard l'évolution du marché confirme que le choix initial
était judicieux. "Je ne comprends pas les sites qui
partis d'un modèle payant sont devenus soudainement gratuits
pour s'aligner sur la concurrence. D'une certaine façon le
produit en est dévalorisé" analyse Tristan Micol.
Les statistiques de fréquentation et la baisse des revenus
publicitaires sur le Net n'ont pas d'incidence sur Travhealth qui
s'est clairement positionné sur le B-to-B. "Les 4 X
3 sur toute la France, ce n'est pas pour nous". La quasi-totalité
des abonnements à ses dossiers de santé ont en effet
été souscrits par de grandes sociétés
multinationales pour leurs cadres expatriés ou qui voyagent
régulièrement pour affaires. Les clients s'appellent
Ernst
et Young, Tomen
(un holding japonais) ou Mercury.
Un
contrat qui vaut de l'or
Dernier contrat en date signé à la mi-mai : l'achat
de 35 000 Packs Santé Voyages par Mondial Assistance. C'est
une façon de fidéliser sa propre clientèle.
Le nombre d'abonnements vendus grimpe de 5000 en début d'année
à 42 000.
La société d'assistance ouvre des perspectives d'avenir.
D'abord parce que Mondial Assistance a déjà annoncé
que de nouveaux contrats pourraient être achetés à
l'avenir, mais surtout pour la caution que le leader de l'assistance
apporte au site en l'ayant retenu parmi bien d'autres projets. "Notre
dossier de santé, déjà validé par un
comité scientifique, a fait l'objet d'une nouvelle évaluation
par le service médical de Mondial Assistance avant que nous
rencontrions les services marketing, développement, puis
la direction générale".
Et un partenariat avec un portail de santé grand public ?
"nous sommes conscients que de belles choses peuvent se réaliser"
répond Tristan Micol.
En
attendant le vote du chapitre de la loi de modernisation sociale
sur l'accès au dossier médical, le business model
de Travhealth semble faire ses preuves.