Cédric TOURNAY

4 août 1998

"  Racine passera comme le café ". En 1675, Madame de Sévigné assurait à la Cour que les pièces de Racine ne résisteraient pas à l’épreuve du temps. Trois siècles après, nous buvons du café et lisons Racine. Aujourd’hui, un débat semblable se développe autour des portails, ces grands sites Web qui se présentent comme des portes d’entrée sur le réseau Internet. Comme le café et Racine, la confirmation de leur succès influencerait fortement nos activités culturelles comme notre vie quotidienne.

Trois siècles après Madame de Sévigné, les sceptiques commencent à dire que les portails ne passeront pas l’été, faisant fi de l’incroyable succès populaire – le premier du genre sur le Web - rencontré par de jeunes entreprises hyper-innovantes comme Yahoo, Excite ou Cnet. Face à un débat dont les termes sont plutôt mal posés, il importe d’analyser ce que cachent les cycles de popularité sur le Web et les modifications qu’ils suscitent dans l’univers médiatique. Nous verrons alors qu’au-delà des modèles de sites – nécessairement appelés à évoluer avec le média qui les soutient et les utilisateurs qui les exploitent – le cyber-succès dépend de la capacité des acteurs à s’adapter constamment à un environnement évolutif dont toutes les caractéristiques connaissent une croissance exponentielle : public, investissements, puissance technique et débit, qualité de service. Le Web a atteint une telle masse critique dans l’ensemble des activités humaines qu’il provoque une remise en question de l’équilibre entre les médias d’une part, entre les médias et les autres sphères d’activité d’autre part. Dès lors, il convient de se demander si toute organisation – entreprise, association, syndicat, etc. – ne doit pas aujourd’hui être aussi une organisation médiatique.

La " fièvre des portails " pourrait leur être fatale

Place aux Hubs

Les Communautés, prochaine mode annoncée

Et après ?

Les Webrings, portails du pauvre

Des mots, des modes, des modèles

* : " Avant, le futur était ce qui devait arriver dans le prochain millénaire.
Maintenant, c’est ce qui doit arriver le mois prochain, la semaine prochaine ".

Suite (2/3)

4 août 1998