Pharmacies
en ligne :
du monde derrière le comptoir
Cédric
TOURNAY
Christine
BOUCHET, Christophe
BEGUIN
12 novembre
1999
L'essor
des pharmacies électroniques aux Etats-Unis se poursuit à grande
vitesse. Pour devenir des acteurs de poids sur le marché pharmaceutique,
les start-up du commerce de médicaments en ligne se livrent une
guerre sans merci et passent des alliances avec les grands acteurs
de la communication et du monde médical. Le troisième volet de notre
enquête sur les pharmacies électroniques fait le point sur létat
du marché américain.
Un marché désormais normalisé
Les tendances du marché
Les principaux acteurs du marché
et les partenariats
Lattitude des investisseurs :
des anticipations très positives
Conclusion : les enjeux actuels
pour les pharmacies électroniques
Un marché désormais
normalisé
Au début de lannée
1999, les pharmacies en ligne faisaient leur apparition sur le Web.
En six mois elles ont connu une évolution foudroyante : certaines
sont entrées en bourse avec succès, les plus importantes sont partenaires
de grands acteurs du marché de la santé ou du e-commerce. Elles
ont passé des accords avec les assureurs, avec des pharmacies traditionnelles,
et certaines sont à présent intégrées dans de grands portails santé.
Les trois principales, Soma.com,
Drugstore.com
et PlanetRx.com
se disputent le marché et proposent toutes de fournir à leurs clients
des médicaments, des vitamines et des produits de beauté en moins
de 24h. Pour se faire accepter par le corps médical, les patients
et les pouvoirs publics, les pharmacies électroniques ont développé
des chartes de déontologie et des pratiques visant à protéger la
sécurité et la confidentialité des patients.
Profitant du vide juridique
qui entourait le e-commerce, des sociétés sans scrupules avaient
dans un premier temps exploité lengouement du public pour
certaines molécules récentes et tenté de réaliser un bénéfice maximum,
au mépris des règles entourant la distribution de médicaments. Viagra,
Xenical, anabolisants furent ainsi distribués directement aux
consommateurs après une pseudo-consultation médicale.[Consultez
l'article pour en savoir plus]
Ces pratiques dangereuses
ont eu des conséquences dramatiques, et quatre de ces sociétés seraient
à l'origine de 3 décès, 19 états de coma et 55 effets indésirables
sévères. Des tests HIV inefficaces auraient également été distribués
sur le site Web HIV Cybermall. Les médias américains se font l'écho
de ces accidents, avertissant les consommateurs des dangers potentiels
de la commande de médicaments en ligne.
Les acteurs principaux
du marché, conscients de leffet délétère de ces pratiques
pour leur image de marque, se sont alliés aux institutionnels pour
tenter de renforcer la réglementation en vigueur. La FDA a donc
mis en place cet été un programme de surveillance intensive du commerce
électronique de médicaments. LAmerican
Medical Association (AMA), en accord avec la
National Association of Boards of Pharmacy, a pour sa part mis
en place un programme de certification des pharmacies électroniques.
Le label délivré, intitulé VIPPS (Verified Internet Pharmacy
Practice Sites), signifie que les sites bénéficiaires appliquent
exactement les mêmes règles déontologiques de délivrance quune
pharmacie traditionnelle. Ainsi, certains sites, tel que Drugstore.com
(voir notre article)
et PlanetRx sont déjà "labellisés". Ces acteurs peuvent
également se prévaloir de la certification Truste,
qui garantit la confidentialité et l'intégrité des informations
transitant par le site. [Lire
notre étude de cas sur Truste pour en savoir +]
Les lois fédérales
sont également renforcées dans de nombreux états. Cependant les
législateurs restent modérés, dans la mesure où ils ne veulent absolument
pas freiner la croissance du e-commerce.
"It is important
that we do not overreact by pilling layers of new regulations onto
an emerging market place", précise Tom Bliley, qui fait partie
d'un comité de la House Commerce examinant les pharmacies en ligne.
Toutefois, cette attitude na pas empêché les poursuites à
légard des pharmacies électroniques irrespectueuses de la
législation. Le site The
Pillbox, a été condamnée en octobre 1999 à rembourser les consommateurs
du Missouri pour leurs achats effectués sur son site entre le 1er
janvier et le 30 juin 1999, ainsi quà payer une amende de
15 000 dollars à lEtat du Missouri. Selon lavocat général
Jay Nixon, le site avait en effet proposé des consultations payantes
en ligne, donc des prescriptions et des produits, à des Internautes
qui nétaient jamais entrés auparavant en contact physique
avec les médecins concernés. Cette sanction, la première du genre,
montre lattention croissante accordée aux conditions de vente
en ligne des produits pharmaceutiques délivrés sur ordonnance.
La régulation du marché
de la pharmacie électronique pourrait augmenter les coûts de production
pour les sociétés, qui devront s'adapter aux directives nationales
et fédérales, mais elle devrait doper le marché en augmentant la
confiance des utilisateurs.
Suite
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12 novembre 1999
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