La
prescription était autrefois un acte que le praticien réalisait
de façon relativement isolée, en se fiant à son expérience et à
sa mémoire, et en s'aidant éventuellement de guides de prescription
papier. Son objectif était de soigner au mieux un patient qui lui
faisait a priori confiance. De nouvelles contraintes sont venues
compliquer l'acte de prescription : multiplication du nombre de
produits disponibles, RMO, contraintes économiques
L'informatisation de
la santé et plus particulièrement l'utilisation croissante de l'Internet
sont également en train de modifier la donne. Le professionnel dispose
maintenant d'outils destinés à faciliter et à sécuriser la rédaction
d'une ordonnance. Le patient quant à lui, a maintenant la possibilité
de se documenter sur ses problèmes de santé et sur ses traitements,
ce qui tend à diminuer l'asymétrie d'informations entre lui et les
soignants. Enfin l'augmentation du recueil de données à des fins
de quantification ou d'évaluation de la prescription permet aux
pouvoirs publics d'être mieux informés, ce qui facilite leur rôle
de pilotage médico-économique. Tous ces facteurs auront une influence
sur la prescription et la consommation de médicaments, mais sera-t-il
possible de concilier les impératifs de santé publique et la nécessaire
maîtrise des dépenses de santé ?
Les outils d'aide à la prescription
: vraie ou fausse sécurité ?
Ces outils sont destinés
à sécuriser la prescription en facilitant l'accès des praticiens
à l'information réglementaire et scientifique concernant le médicament,
et en générant des alertes lorsque la prescription comporte des
interactions ou se fait en présence d'une contre indication.
Des outils plus ou moins évolués
Ensuite, les logiciels
de gestion du dossier médical utilisés par les praticiens intègrent
des modules d'aide à la prescription. Selon les cas ils peuvent
proposer différentes fonctionnalités :
Intégration
d'une base médicamenteuse : c'est la plupart du temps une
des bases médicamenteuses de référence, MédiaVidal, DataSemp,
ou banque Claude Bernard.
Recherche d'un
médicament : elle se fait généralement par nom commercial des
produits. Des interfaces plus complexes proposent une recherche
évoluée par DCI, par classe thérapeutique, par voie d'administration,
associant différents critères.
Les informations
disponibles sur les produits peuvent comporter des posologies
par défaut, les principaux éléments nécessaires à la prescription
ou une monographie complète.
La détection des
interactions sur une ordonnance est généralement fonctionnelle,
mais selon les cas l'outil signalera simplement une interaction
de classes ou prendra en compte la voie d'administration (il
est possible de prescrire un anti-inflammatoire en gel avec
de l'aspirine, mais par un anti-inflammatoire par voie générale).
La recherche par
indication est encore rarement implémentée (BIAM), mais c'est
une des grandes voies de recherche pour les éditeurs de bases,
et elle sera disponible au cours de l'année 2000. Il sera donc
possible de rechercher les produits indiqués dans l'angine ou
dans l'hypertension. C'est une fonctionnalité particulièrement
complexe, car elle nécessite une structuration complète des
données et la construction d'un thesaurus.
La détection des
allergies ou contre indications est très complexe et peu opérationnelle
pour l'instant. Elle nécessite une structuration des informations
du dossier médical et de la base médicamenteuse, un codage direct
ou indirect de l'information contenue dans le dossier et un
thesaurus permettant de lier le dossier médical aux informations
sur les produits.
Le calcul du coût
de l'ordonnance est une fonctionnalité simple, mais suppose
une base médicamenteuse parfaitement à jour avec des informations
fiables sur les coûts.
La proposition
de médicaments équivalents est utile lorsqu'il existe une interaction
ou une contre indication à un produit, ou à des fins d'optimisation
économique de l'ordonnance (proposition de génériques en particulier).
Enfin, il faut
mentionner la prise en compte des RMO, qui peuvent être signalées
de façon contextuelle (par exemple lors de la prescription simultanée
d'anticoagulants et d'anti-inflammatoires), et la possibilité
pour le médecin de créer des modèles d'ordonnance pour une situation
pathologique donnée.
Des performances très variables
En théorie, ces outils
offrent donc aux professionnels la possibilité de réaliser une ordonnance
de façon sécurisée en évitant les erreurs (interactions, prescription
d'un produit à un patient allergique ). Tout irait donc pour
le mieux dans le meilleur des mondes de la prescription si les outils
étaient réellement performants.
En réalité, si les
fonctions simples recherche, interactions, optimisation
sont généralement opérationnelles, les fonctionnalités complexes
comme la détection des contre indications donnent encore des résultats
aléatoires, même avec les meilleurs logiciels. Il en sera probablement
de même pour la recherche par indications, qui repose sur les mêmes
principes.
Les outils ont donc
encore besoin d'être améliorés. Pour l'instant, ils peuvent permettre
au médecin de gagner du temps, de créer des ordonnances parfaitement
lisibles évitant les erreurs d'interprétation lors de la délivrance.
Mais il ne lui est pas possible de leur faire confiance aveuglément,
et leur usage ne doit pas faire ressentir au praticien une fausse
impression de sécurité. Il doit conserver son esprit critique et
continuer à faire appel à ses connaissances. L'outil d'aide à la
prescription permettant d'assister le médecin et de garantir la
sécurité du patient existera bientôt, et des progrès rapides sont
réalisés.
Grâce au Web, il sera possible d'accéder à une information parfaitement
à jour
Le médecin a désormais
la possibilité de consulter une information complète et mise à jour
en temps réel sur les sites Web des éditeurs de bases médicamenteuses
comme Vidal
ou Thériaque.
Pour
être réellement opérationnelle, la base médicamenteuse intégrée
dans les logiciels médicaux doit contenir les dernières informations
sur les coûts pour permettre l'optimisation économique de l'ordonnance,
et surtout intégrer les molécules les plus récentes ou les modifications
d'AMM. De plus en plus d'éditeurs envisagent de proposer des mises
à jour des logiciels ou des bases en ligne, ce qui permettra aux
professionnels de santé d'avoir sur leur poste de travail les informations
les plus récentes.