Web
dentaire :
la bataille des portails
Gaëlle
Layani
21
novembre 2000
Le
Web dentaire ne fait pas figure de parent pauvre de l’Internet médical,
loin s’en faut. De nombreux sites et portails s’adressent aux 40 000 dentistes
et chirurgiens-dentistes français : associations professionnelles,
institutions représentatives, places de marché B-to-B, éditeurs
de logiciels, revues spécialisées, FMC et contenu universitaires
figurent en bonne place sur la Toile francophone.
L’Ordre
National des chirurgiens-dentistes a bien entendu son site à
l’instar de son homologue de l’Ordre des médecins. Les syndicats
professionnels sont également très présents sur le Web avec la Confédération
nationale des syndicats dentaires, IncisifWeb
qui sous son appellation mordante représente les Chambres syndicales
dentaires, ou bien encore l’UJCD
(Union des jeunes chirurgiens dentiste).
Les
dentistes ont également déjà (ou enfin ?) leurs portails. Pour
ces sites, nés en majorité cette année, la bataille a déjà commencé
pour conquérir leur cible. Le point dans cet article.
Un marché concurrentiel
Plusieurs
sites affichent l’ambition de devenir le portail des professions
dentaires.Visioweb se présente comme
le portail dentaire français. Créé en juin 2000 par l’éditeur
de solution dentaires Visiodent, il a déjà fait
peau neuve le 17 novembre. Ce portail propose un grand nombre
de services professionnels et non professionnels. Alain Hirsch,
responsable du département Internet de la société, résume ainsi
l’ambition assignée au portail Visioweb : devenir le « mini-Yahoo
des dentistes ».
Dentiva.com,
le plus européen des sites dentaires, figure également parmi les
« bébés de l’an 2000 ». La société, créée en avril 2000
par quatre Néerlandais, a lancé son premier site en Hollande en
juillet 2000. Le site allemand a ouvert ses portes un mois
plus tard et le site français le 4 septembre. La société compte
s’implanter très rapidement en Italie, en Espagne et en Angleterre.
WebDent
a vocation à rassembler le maximum d'informations concernant la
dentisterie, aussi bien à destination des patients que des professionnels.
La partie réservée aux praticiens, de loin la plus importante, propose
des services classiques exclusivement professionnels : articles,
annuaire professionnel, agenda des congrès et séminaires, petites
annonces, annuaire de sites de formation continue et forum de discussions.
Créé
par deux praticiens en exercice et un informaticien en mai 1999,
Mediadentaire
fait lui figure de vétéran. Il se présente comme le site des "échanges
pour praticiens et étudiants". Sa gestion est assuré par l’Association
médiadentaire, reconnue comme organisme de formation et domiciliée
à Marseille. Une équipe de cinq consultants, des praticiens en exercice,
dont certains sont membres du corps enseignant de l'Université,
travaillent sur le site. Une version en anglais doit prochainement
voir le jour. Le site bénéficie d’une audience moyenne de 9000 pages
vue par mois.
Enfin
sur Dentaire Village,
les rubriques et services professionnelles (littérature médicale,
congrès, FMC, informations sur la télétransmission, entre autres
choses) côtoient comme sur Visioweb des services non professionnels :
boutique en ligne où le visiteur peut acheter du matériel informatique,
par exemple, espace voyage, librairie en ligne.
Tous
ces sites se disputent une cible beaucoup moins importante que celles
des médecins : 40 000 chirurgiens-dentistes exercent
en France contre plus de 200 000 médecins. Si 51 %
d’entre eux sont informatisés (source : CPAM Loire-Atlantique
– 1998), entre 12 et 17 % d’entre eux seulement sont connectés
à l’Internet. [Pour connaître le nombre de professionnels par département,
cliquez
ici.]
Les
portails professionnels dentaires sont également apparus plus tardivement
que les portails médicaux. Dentiva et Visioweb, les deux principaux
sites sur le marché, ont été lancés respectivement en septembre
et en juin 2000 (cf. supra). Pourtant, la concurrence
n’en est pas moins rude. Visioweb a été lancé alors que certains
services n’étaient pas encore ouverts, mais l’objectif était de
se "positionner" comme l’explique Alain Hirsch, responsable
du département Internet de Visiodent (lire
l’interview).
Elargir ses services à la sphère non professionnelle
Pour
attirer le dentiste internaute, il faut également lui proposer tous
les services dont il a besoin et pas seulement pour sa vie professionnelle.
Visioweb et Dentaire Village apportent un soin tout particulier
au développement des services non professionnels. Leur démarche
est beaucoup plus audacieuse que celle des autres portails médicaux,
qui lorsqu’ils proposent ce type de services, les poussent rarement
aussi loin (lire l’étude
de cas sur Visioweb).
Dentiva.com
poursuit une stratégie similaire, comme l’explique Thomas Lormeau,
responsable des ventes de Dentiva France : « Dentiva n’est
pas uniquement une boutique. Nous sommes en train de développer
un certain nombre d’autres services, car nous voulons que Dentiva
soit un site de services aux chirurgiens-dentistes. ». Il souhaite
développer la partie contenu du site et envisage le lancement de
rubrique consacrée à l’assurance, à la bourse ou aux services bancaires
(lire l’interview
de Thomas Lormeau).
En
effet, les portails dentaires proposent à peu de choses près les
mêmes ressources professionnelles (littérature et actualités médicales,
par exemple). Ils doivent donc se différencier en misant sur des
services non professionnels sophistiqués qui constituent la valeur
ajoutée du site.
D’où
la multiplication des partenariats avec d’autres sites spécialisés.
Visioweb s’est, par exemple, allié avec la société d’investissement
Etna Finance pour monter sa rubrique Visiobroker. Atmedica, le portail
professionnel médical, alimente la rubrique Actualités médicales
du portail. Mais c’est surtout la boutique en ligne, Visioprice,
dont la sortie est prévue pour le début de l’année 2001, qui
est la plus représentative de cette stratégie d’alliance tous azimuts.
Contrairement à Dentiva, la boutique en ligne ne proposera pas que
des consommables dentaires, mais également du matériel informatique
ou des biens de consommation courante. La logistique restera à la
charge des partenaires commerciaux qui proposeront leurs produits
à la vente via la boutique de Visioweb.
Les
sites destinés aux professions dentaires répondent à un réel besoin,
car les informations proposées par les sites médicaux sont souvent
soit trop pointues, soit pas assez spécialisées comme le rappelle
Alain Hirsch : « [L’information] ne correspond donc pas
aux attentes du chirurgien-dentiste. La formation du chirurgien-dentiste
n’est pas une formation de médecin. ». Mais, le Web dentaire
est en train de combler son retard par rapport au Web médical :
la bataille des portails ne fait que commencer.
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