Un an après
Groupama Partenaires Santé
Dominique
ETIENNE et Corinne
RADAL
24
avril 2001
Le réseau de soins "Groupama Partenaires Santé",
initiée par Groupama
Assurances en partenariat avec la Mutualité
Sociale Agricole (MSA), s'inscrit dans le cadre des ordonnances
de 1996. Après avoir reçu un avis favorable de la
commission Soubie en mars 1998, ce projet a obtenu l'agrément
du Ministère
de l'Emploi et de la Solidarité fin septembre 1999. C'est
à ce jour le seul réseau de soins expérimental
promu par un assureur privé à avoir reçu l'agrément
des pouvoirs publics.
Un
an après la mise en place de la filière, Groupama
a remis un bilan d'étape au Ministère de l'Emploi
et de la Solidarité en janvier 2001. L'occasion pour nous
de faire le point sur cette expérimentation.
Les
principes
"Groupama
Partenaires Santé" a été lancé
début 2000 dans 37 cantons ruraux de 3 départements
(Pyrénées-Atlantiques, Côtes d'Armor et Allier).
Ces départements ont été choisis selon 2 critères
: le nombre important d'assurés communs Groupama et MSA et
le volontariat des caisses locales. Originalité de l'expérimentation,
la formalisation de cette réseau ne s'est pas appuyée
sur une volonté locale de coordination des soins déjà
existante, comme la plupart des projets de réseaux ou filières.
L'adhésion des professionnels s'est faite suite à
la démarche active des deux promoteurs institutionnels du
projet.
Les
médecins y adhèrent en signant la Charte Groupama
Partenaires Santé. Ils s'engagent alors à prescrire
des génériques, à mener des actions de prévention
auprès de leurs patients et surtout à participer à
des groupes de progrès. Composés d'une dizaine de
médecins généralistes, ces groupes doivent
se réunir régulièrement pour réfléchir
sur des thèmes correspondant à des problématiques
concrètes de leur pratique comme l'hypertension artérielle,
l'organisation d'actions de dépistage, la dépendance
Les médecins engagés dans le projet reçoivent
sur les 18 mois une indemnisation de 45 C, soit un peu plus de 5000
F. Cette somme rémunère le travail de réflexion
et la participation aux groupes de progrès. Un système
de capitation était prévu au départ, mais il
n'a finalement pas été retenu à la demande
du Ministère.
Pour
les assurés, la participation est volontaire. Ils sont encouragés
(et non contraints) à passer par leur généraliste
avant tout autre recours au système de santé. Ce schéma
est assez proche du fonctionnement du recours aux soins en milieu
rural. Il leur est de plus demandé d'être "citoyen"
en matière de santé pendant la durée de l'expérimentation
: suivre les recommandations du médecin, participer aux actions
communes proposées (par exemple de prévention) ...
Les assurés impliqués participeront également
à l'évaluation médicale de l'expérimentation,
notamment via des questionnaires de santé avant/après.
En contrepartie, les assurés sont dispensés de l'avance
de frais sur les consultations et les visites à domicile,
reçoivent gratuitement une revue d'information santé
et peuvent contacter la plate-forme téléphonique de
Groupama.
Avec
la mise en place de cette réseau de soins, Groupama et la
MSA espèrent une diminution de 10 à 20% des dépenses
de santé, notamment grâce à l'éducation
des patients et à l'application des bonnes pratiques définies
par les médecins dans les groupes de progrès.
Qu'en
est-il un an après ?
37%
de l'ensemble des généralistes installés dans
les cantons concernés par l'expérimentation ont signé
la charte "Groupama Partenaires Santé" : 108 médecins
au total dont 56 dans les Pyrénées-Atlantiques, 32
dans les Côtes d'Armor et 20 dans l'Allier. Le projet a rencontré
très peu d'oppositions syndicales concrètes, sauf
dans l'Allier où les choses ont donc été un
petit peu plus difficiles.
Ce taux de participation est sous-estimé, puisqu'il a été
calculé par rapport à l'ensemble des médecins
des cantons concernés, sans tenir compte des médecins
sur le point de partir à la retraite, de ceux ayant des modes
d'exercice particulier
Ainsi, si l'on considère uniquement
les médecins effectivement disponibles pour participer la
filière de soins, 42% d'entre eux ont adhéré
au projet. Cette participation se monte même à près
de 60% dans les Pyrénées-Atlantiques.
Le
projet a largement séduit les médecins référents,
puisque 15% des médecins Partenaires Santé sont aussi
médecins référents. Ils ont certainement été
intéressés par l'organisation en groupes de travail,
qui n'existe pas encore dans le système mis en place par
l'Assurance-Maladie.
Au
total, 11 groupes de progrès ont ainsi été
formés. Un an après le début de ces travaux,
certains ont déjà produit des outils concrets : définition
de lignes de pratiques, fiches d'informations à destination
des patients
Par exemple, une fiche de prévention
de l'alcoolisme a été établie par l'un de ces
groupes et distribuée aux assurés de l'Allier.
Côté
patient, Partenaires santé regroupe aujourd'hui 3700 assurés
: 1400 dans les Pyrénées-Atlantiques, 1700 dans les
Côtes d'Armor et 600 dans l'Allier.
A
l'issue des 18 mois de l'expérimentation, une évaluation
complète sera menée, sur les plans médico-économique
(dépenses de santé, état de santé de
la population) et organisationnel (fonctionnement de la filière,
satisfaction des patients). Si les promoteurs sont optimistes sur
ce qu'elle révélera, les modalités d'une pérennisation
et/ou d'une extension du projet ne sont, en revanche, pas encore
définies, à 6 mois du terme du cadre dérogatoire.
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avril 2001
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