Les
ventes de produits pharmaceutiques et para-
pharmaceutiques ont le vent en poupe : 1,9 milliards de dollars
en 1999. Elles devraient exploser cette année pour atteindre 4,5 milliards
(lire le
chiffre du mois de mai 2000).
Malgré ces données optimistes, les pharmacies en
ligne ont elles aussi laissé des plumes dans la tempête boursière
d'avril dernier. Les marchés délaissent en effet le Business-to-Consummer
au profit du Business-to-Business.
Les titres de Drugstore.com,
leader sur son marché, enregistrent une baisse continuelle. L'action,
cotée à 18$ lors de l'entrée en Bourse, en juillet 1999, s'échange
désormais à 7$ environ.
Evolution du cours de l'action
Drugstore.com depuis mars 2000 (en vert)
Source : NASDAQ
Pour autant, l'avenir de la société n'est pas sombre.
Le montant des ventes pour le premier trimestre a atteint 22,7 millions
de dollars, contre 652 000 dollars en 1999 à la même époque.
Ce montant représente une hausse de 23 % par rapport au dernier
trimestre 1999, grâce à l'afflux de 295 000 nouveaux clients.
Autre motif de satisfaction, plus d'un million de personnes composent
désormais sa clientèle. Néanmoins, la société reste déficitaire :
Drugstore.com a annoncé au début d'avril des pertes s'élevant à
38,9 millions.
Déficitaire également, PlanetRx,
autre géant de la pharmacie en ligne, qui a annoncé fin mars 2000
près de 50 millions de dollars de pertes malgré une hausse
importante du nombre de ses visiteurs et de son chiffre d'affaires
(8,8 millions de dollars).
La concurrence est de plus en plus serrée, car
les pharmacies en ligne se sont rapidement développées. Toutefois,
selon une étude de Forrester
Research, seul un site de commerce électronique sur cinq sera
encore en vie dans cinq ans. Il est donc fort possible qu'une partie
des e-pharmacies concurrentes disparaisse et que leur clientèle
se rabatte sur les "survivants".
Pour rester en lice, les pharmacies électroniques
doivent conclure des alliances. Leur préférence va surtout à de
grands groupes de communication, des sites médicaux grand public,
des compagnies d'assurance ou des sociétés proposant des solutions
technologiques pointues.
Drugstore.com s'est ainsi "adossée" à
Amazon.com,
actionnaire principal. La société bénéficie de cette manière d'un
espace publicitaire sans précédent.
Autre exemple : depuis janvier 2000,
la première chaîne de pharmacie aux Etats-Unis, CVS,
est la pharmacie électronique exclusive de Healtheon/WebMD
et des partenaires en santé de ce dernier (Excite@Home, Lycos et
Microsoft). En échange, Healtheon/WebMD fournit le contenu médical
du site cvs.com, le service en ligne de CVS.
Enfin, PlanetRx a développé en partenariat avec
le laboratoire Parke-Davis le site thématique Diabetes.com
(lire notre étude de
cas) sur lequel les visiteurs peuvent directement s'approvisionner
chez la pharmacie en médicaments contre le diabète et ses complications.
Le consommateur, c'est-à-dire le patient, n'est
plus la seule cible visée par ces pharmacies en ligne. Les professionnels
de santé, qui rédigent 2,5 millions d'ordonnances aux Etats-Unis,
suscitent leur convoitise. La télétransmission des feuilles de soins
et leur traitement en ligne constituent un marché incontournable
si l'on souhaite élargir sa clientèle. Drugstore.com l'a bien compris.
Elle a conclu des partenariats avec douze sociétés spécialisées
dans la transmission électronique d'ordonnances, dont ePhysician
(société proposant des assistants numériques de poche aux médecins ;
lire notre étude de cas),
pour développer des standards de transmission et réception. PlanetRx
s'est alliée en janvier dernier à Allscripts
(solutions de télétransmission électronique)
et à ePhysician
au mois d'avril dans un but identique. En février dernier, elle
a également établi partenariat avec MedicaLogic
pour mettre au point un système de télétransmission des feuilles
de soins depuis le cabinet des médecins.
Cette stratégie s'accompagne souvent d'accords
avec de grandes sociétés d'assurance santé qui garantissent une
clientèle en ligne captive à la pharmacie. Ainsi, les assurés affiliés
à PCS Health Systems qui achètent leurs médicaments en ligne sont
tenus de le faire sur Drugstore.com. Merck-Medco impose à ses membres
d'utiliser CVS.com.