Infarctus
traités par région
Le
PMSI sert aussi aux études épidémiologiques
Christine
BOUCHET
3 septembre
1999
Les
bases PMSI n'ont pour l'instant quasiment pas été utilisées à d'autres
fins que l'allocation budgétaire. Elles sont effectivement très
complexes et leur analyse nécessite de s'entourer de précautions
méthodologiques.
Il serait cependant
possible d'en retirer des informations intéressantes sur la santé
de la population française. A titre d'exemple, une requête simple
sur la base 1996 permet de connaître le nombre d'infarctus traités
dans les établissement publics.
La carte et le tableau
ci-dessous présentent le nombre d'infarctus traités pendant l'année
1996 dans les hôpitaux publics par région (hors DOM-TOM). Ce nombre
d'infarctus traités est obtenu en regroupant les effectifs des GHM
178, 179 et 180 dans la base PMSI publique 1996.
GHM 178 : Infarctus
aigu du myocarde avec complications cardio-vasculaires et sortie
en vie de l'établissement
GHM 179 : Infarctus
aigu du myocarde sans complications cardio-vasculaires
GHM 180 : Infarctus
aigu du myocarde avec décès.
Région
|
Nombre d'infarctus
traités dans le public en 1996
|
Population estimée
au 01/01/97 (en millier d'habitants)
|
Taux infarctus
traités (pour 1000 hab)
|
Effectif théorique
|
Alsace
|
1495
|
1713
|
0,87
|
1605,17
|
Aquitaine
|
2488
|
2891
|
0,86
|
2709,01
|
Auvergne
|
1687
|
1315
|
1,28
|
1232,22
|
Basse-Normandie
|
1613
|
1422
|
1,13
|
1332,48
|
Bourgogne
|
1865
|
1626
|
1,15
|
1523,64
|
Bretagne
|
3214
|
2875
|
1,12
|
2694,02
|
Centre
|
2171
|
2455
|
0,88
|
2300,46
|
Champagne-Ardenne
|
1501
|
1352
|
1,11
|
1266,89
|
Corse
|
259
|
262
|
0,99
|
245,51
|
Franche-Comté
|
988
|
1118
|
0,88
|
1047,62
|
Haute- Normandie
|
1392
|
1784
|
0,78
|
1671,70
|
Ile-De-France
|
7613
|
11061
|
0,69
|
10364,70
|
Languedoc-Roussillon
|
2070
|
2265
|
0,91
|
2122,42
|
Limousin
|
964
|
719
|
1,34
|
673,74
|
Lorraine
|
3005
|
2311
|
1,30
|
2165,52
|
Midi-Pyrénées
|
2471
|
2520
|
0,98
|
2361,36
|
Nord-Pas-De-Calais
|
3675
|
4007
|
0,92
|
3754,76
|
Pays De La Loire
|
2376
|
3173
|
0,75
|
2973,26
|
Picardie
|
1903
|
1869
|
1,02
|
1751,34
|
Poitou-Charentes
|
1832
|
1628
|
1,13
|
1525,52
|
PACA
|
4666
|
4478
|
1,04
|
4196,11
|
Rhône-Alpes
|
5560
|
5646
|
0,98
|
5290,58
|
Total
|
54808
|
58490
|
0,94
|
54808,00
|
Ce nombre d'infarctus
traités est rapporté à la population estimée de la région au 01/01/97
(source : Insee).
Le nombre d'infarctus
observés est ensuite comparé un effectif théorique : nombre d'infarctus
traités qu'il y aurait dans chaque région si le taux régional correspondait
au taux national de 0,94 p 1000 (c'est à dire si la distribution
était uniforme). La comparaison montre qu'il y a une différence
très significative du taux d'infarctus traités entre les régions
(Chi deux = 1980, p<0.0001).
Une lecture brute des
résultats montre un taux d'infarctus traités faible en Haute Normandie,
Ile-de-France, Pays-de-Loire, et élevé en Auvergne, Limousin et
Lorraine.
Ces données ne sont
pas complètement en accord avec les données de la littérature. Les
résultats du projet Monica de l'OMS en particulier, étude longitudinale
de l'infarctus du myocarde dans trois régions de France (Bas-Rhin,
Nord et Haute Garonne) montraient une incidence de l'infarctus du
myocarde de 2,089 p. 1000 sur les trois régions en 1993,
et un taux d'infarctus avec hospitalisation de 1,802 p. 1000.
De grandes disparités régionales étaient mises en évidence, tant
pour l'incidence que pour la mortalité par infarctus, mais avec
des taux plus élevés en Alsace et dans le Nord que dans le Sud de
la France.
Une interprétation
plus poussée des données est cependant rendue difficile par l'importance
des problèmes méthodologiques :
-
L'analyse porte
sur la base publique. Il manque donc tous les infarctus traités
dans le privé, or la répartition public / privé diffère sûrement
notablement selon les régions. La seule façon d'analyser correctement
le taux d'infarctus traités serait d'étudier en même temps la
base publique et la base privée (non disponible en 1996).
- Tous les infarctus ne sont pas
classés dans les GHM 178, 179 et 180. En particulier tous les
infarctus avec un geste chirurgical durant le séjour seront
classés ailleurs, par exemple dans le GHM 163 (Pose d'un stimulateur
cardiaque permanent avec infarctus aigu du myocarde ou insuffisance
cardiaque congestive ou état de choc).
-
Le taux d'exhaustivité
des établissements était encore bas en 1996, notamment à l'Assistance
Publique, ce qui explique probablement en grande partie le faible
taux d'infarctus traités constaté en Ile de France.
- L'absence de chaînages des RSA
ne permet pas de savoir si un même patient a été transféré d'un
établissement à l'autre. Un tel patient sera comptabilisé deux
fois.
- Il faudrait également tenir compte
de l'âge de la population par région.
Conclusions
La mise à disposition
des bases PMSI représente une avancée majeure pour l'évaluation
épidémiologique en France. Elles offrent un éclairage unique sur
l'activité des établissements hospitaliers, publics et privés. Elles
contiennent notamment des informations précieuses sur l'incidence
et la prévalence de certaines pathologies. Ces bases doivent absolument
être analysées, à condition bien entendu de respecter une méthodologie
rigoureuse.
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septembre 1999
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