"Les
accouchements par voie basse sans complications"
Hervé
NABARETTE
octobre
1998
Le
Groupe
Homogène de Malades (GHM) n°540 regroupe les séjours à lhôpital
ou en clinique pour le motif " accouchement par voie basse
sans complications ". Ce GHM est particulier : il
sert en effet de base au calcul du nombre de points ISA (Indice
Synthétique dActivité) attribués aux autres Groupes Homogènes
de Malades. Le principe est le suivant : le GHM 540 vaut 1000 points
ISA ; un GHM "deux fois plus lourd" (ce poids étant déterminé
à partir du coût des séjours issu de la comptabilité analytique
d'un panel d'établissements représentatifs) vaudra 2000 points.
Ainsi, le PMSI permet de grouper les séjours dans des GHM et de
traduire en nombre de points ISA lactivité des établissements.
Le
deuxième volet de lenquête sur les hôpitaux et cliniques du
mensuel Sciences
et Avenir na pas eu besoin dutiliser le PMSI pour
analyser lactivité des établissements qui pratiquent laccouchement.
Des registres spécifiques sont établis depuis longtemps sur lensemble
des établissements (alors quaujourdhui, la base PMSI
pour les structures privées nest
pas encore techniquement accessible). Ils ont permis aux journalistes
de Sciences et Avenir de lister les maternités à risque, cest-à-dire
celles qui pratiquent moins de 300 accouchements ou celles qui affichent
un taux de césarienne supérieur à 20%.
De
façon préoccupante, les chiffres de mortalité sont repartis à la
hausse depuis une dizaine dannées. Plus dune centaine
de femmes décèdent chaque année lors de laccouchement (la
moitié de ces morts étant évitables), 670 enfants meurent et 390
autres souffrent de handicaps très lourds après leur naissance.
La raison de cette contre-performance est à rechercher dans la désorganisation
du système : ainsi 16% seulement des grossesses à risque sont
prises en charge dans des structures adaptées, cest-à-dire
de niveau 3 disposant des équipements et des personnels de réanimation
pour la mère et lenfant alors que ce chiffre est de 80% au
Royaume-Uni, en Allemagne et dans les pays du nord de lEurope.
Les mauvais résultats français tiennent aussi à lexistence
dun trop grand nombre détablissements.
On
se souvient que le démographe Emmanuel Todd avait prédit très tôt
leffondrement de lempire soviétique en considérant lévolution
des chiffres de mortalité à la naissance. Les contre-performances
des établissements français nont bien sûr pas la même ampleur,
mais ils témoignent à lévidence dun manque de rationalité
du système.
Réagissez
à cet article
Retrouvez tous
les articles de la rubrique Systèmes
d'information hospitaliers.
octobre
1998
|