Le DIM :
détenteur d'informations clés
pour l'hôpital de demain

Corinne RADAL

13 mars 2000

Le département d’information médicale (DIM), créé par la loi du 31 juillet 1991 sur la réforme hospitalière, est la division la plus jeune du système d’information global mis en œuvre au sein des établissements hospitaliers. En charge du traitement de l’information médicale, son but initial était double : aider à l’amélioration de la qualité des soins et effectuer des analyses médico-économiques.

Avec l’émergence des nouvelles technologies de l’information, le rôle du DIM évolue peu à peu, pour devenir de plus en plus stratégique.

Le DIM, interface entre équipe médicale et administration

Le DIM a été créé dans le cadre de la mise en place du PMSI, destiné à évaluer l’allocation budgétaire des établissements hospitaliers. Le PMSI est un outil administratif, dont l’information primaire est médicale : il est donc nécessaire qu’il y ait une compréhension parfaite du principe aussi bien de la part des médecins que de l’administration pour que cet outil soit utilisé de manière efficace. De plus, c’est la première fois que médecins et administration travaillent sur le même outil d’information.

Le médecin responsable du département d’information médicale (également couramment désigné par le terme "DIM") se situe à l’interface entre l’équipe médicale et l’administration. Son rôle d’agent de liaison est donc particulièrement important.

Le rôle traditionnel du DIM : la participation au PMSI

Le médecin responsable du département d’information médicale a tout d’abord un rôle de formation auprès des médecins pour les guider dans l’extraction et le codage de l’information contenue dans les dossiers médicaux. Cette démarche s’accompagne d’un contrôle de la qualité du codage au niveau des RUM (Résumés d’Unité Médicale, produits par les médecins).

A partir des RUM récupérés et validés, le DIM construit le fichier des RSS (Résumés de Sortie Standardisés) grâce au logiciel groupeur. Après anonymisation des données (les RSS deviennent RSA, Résumés de Sortie Anonymes), il transmet ce fichier aux tutelles à échéances régulières.

L’exploitation des données du PMSI se fait à partir du fichier des RSS (ou des RSA). Le médecin responsable interprète les données et rend compte de ses conclusions à l’administration et aux services. Cela permet notamment d’évaluer l’allocation budgétaire de l’hôpital, ainsi que la répartition de cette allocation au sein des différents services.

Le DIM participe également aux contrôles externes effectués par les médecins conseil (secteur privé) ou les médecins inspecteurs (secteur public). L’objet de ce contrôle est de vérifier la bonne mise en œuvre du PMSI : des RUM sont tirés au sort et leur contenu est comparé aux dossiers médicaux d’origine.

Vers un rôle de plus en plus stratégique : dossier médical informatisé, réseaux de soins …

Le rôle du DIM dépasse actuellement le seul cadre de la production des fichiers de données PMSI. Il détient en effet des informations stratégiques pour l’établissement (données sur le recrutement, l’activité), ce qui lui permet de prendre part à toutes sortes de projets.

Ainsi, le DIM dispose de données pour évaluer les pratiques et peut collaborer aux démarches d’accréditation. L’analyse stratégique des informations constitue également un outil pour décider des orientations à donner à l’établissement, des investissements ou des restructurations : le DIM est donc partie prenante dans le projet d’établissement.

Il est également amené à réfléchir à la mise en place du dossier médical … il n’y a en effet pas de bon PMSI et donc de bonne interprétation des données sans bon dossier médical, puisque c’est de là que les informations sont initialement extraites. La question de la qualité du dossier médical est de plus d’actualité avec les débats autour de l’accès des patients aux informations les concernant. Le DIM a un rôle à jouer dans ce domaine : mettre en place un dossier bien structuré, avec des informations pertinentes et suffisamment détaillées pour être utiles à la personne (patient ou médecin de famille) qui les consulte.

Se pose également aujourd’hui la problématique du dossier médical informatisé et de la construction de systèmes d’information médicalisés, notamment dans le cadre de réseaux de soins. Un système d’information efficient permet en effet d’améliorer la prise en charge en offrant à chaque acteur la possibilité d’accéder à l’ensemble des données concernant ses patients. Là encore, le DIM semble la personne la mieux placée pour mettre en œuvre ce dossier médical informatisé. Une illustration intéressante de ce rôle est celui du DIM du centre hospitalier de Mâcon, qui a participé à l’élaboration d’un réseau ville-hôpital en association avec le RSS.

Il est par ailleurs possible que le rôle du DIM évolue vers une plus grande exploitation des données issues du PMSI. Déjà largement répandue aux Etats-Unis, comme sur le site Healthgrades qui attribue des notes aux hôpitaux, l’utilisation de ces données en est en France à ses débuts (lire l'étude de cas sur Healthgrades.com) . Leur seule utilisation ‘publique’ est aujourd’hui les classements des hôpitaux et des maternités parus récemment dans le Figaro Magazine, et précédemment dans le magazine Sciences et Avenir. Néanmoins la brèche est ouverte, et il est probable que l’utilisation des données PMSI comme support d’étude devienne de plus en plus courant, pourquoi pas en liaison avec le développement des sites santé sur Internet comme aux Etats-Unis.

Le DIM va donc très probablement être amené à occuper un poste clé dans l’hôpital du futur. Son rôle va s’élargir, nécessitant une adaptation des structures et des formations. Il devra désormais posséder des qualifications en statistiques (exploitation des données, marketing), informatique (data manager) et communication pour remplir au mieux ses différentes fonctions. Aujourd’hui interface entre médecins et administration, le DIM pourrait devenir l’interlocuteur privilégié de l’hôpital avec l’extérieur, que ce soit avec d’autres praticiens par exemple dans le cadre de réseaux ou avec des patients.

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