Janvier
1999
Le
coût du privé
Dominique
ETIENNE
La
quasi totalité des 900 cliniques françaises ont livré les données
PMSI de leur activité 1997. Ces données ne sont pas encore publiées.
Cependant une étude menée par la Direction des Hôpitaux et la CNAM
compare grâce à ces résultats le coût dactivité des hôpitaux
publics à celui des établissements privés à but lucratif :
exprimé en points ISA (indice synthétique dactivité), celui-ci
est de 12,14 pour les premiers contre 7,82 pour les derniers. Les
disparités régionales existent aussi au sein du secteur privé :
le coût d'activité atteint notamment son maximum (9,04) en Ile de
France, les cliniques de la région PACA étant les deuxièmes en lice.
Le
fait que certaines données ne soient pas prises en compte explique
partiellement cet écart entre les deux secteurs : dun côté,
le dépassement dhonoraires dans le privé nest pas inclus
dans le PMSI ; de lautre, les obligations de service
public des hôpitaux (permanences, gardes et urgences) sont par définition
des activités peu productives. A contrario, la spécialisation des
cliniques dans la chirurgie ambulatoire (80 % du total de lactivité
est concentré par le privé) les dessert plutôt du point de vue du
PMSI : les GHM correspondants sous-évaluent probablement la réalité
économique de cette activité.
Plus
fondamentalement, la différence defficience entre public et
privé reflète la plus grande adaptation des cliniques aux tendances
de la médecine : de 1994 à 1998, celles-ci ont fermé 4,4% de
leurs lits contre 2,6% dans le public. La concentration de leur
activité sur la chirurgie (elle assurent 60% de lactivité
métropolitaine) illustre une orientation vers le plus rentable.
Selon Elias Coca, à "activités similaires", l'écart réel
defficience entre privé et public serait au minimum de 30%.
Le
monde hospitalier a réagi fortement à ces résultats, en critiquant
leur comparaison : la différence fondamentale dobligations
et donc dactivité des 2 secteurs n'est pas reflétée par l'outil
de recueil PMSI. Il est vrai que si les données PMSI intègrent les
modes dentrée et de modes de sortie d'un établissement, le
mode daccès aux soins (urgences par exemple) nest pas
pris en compte dans le calcul du point ISA. L'argument de mission
de service public est renforcé par la question actuelle de la prise
en charge des plus démunis. Lors de leur dernière conférence nationale,
les directeurs généraux de CHU ont réclamé avant toutes choses la
définition d'un étalon commun avec les établissements privés qui
permette une "vraie comparaison". Le secteur privé a dépassé
cette question, et prône, comme l'a déclaré notamment lUHP,
la " tarification à la pathologie ", afin de
rendre compte de la différence d'efficience réelle et d'introduire
une vraie concurrence entre secteurs : la CNAM y travaille actuellement.
Réagissez
à cet article
Retrouvez tous
les articles de la rubrique Systèmes
d'information hospitaliers.
18
janvier 1999
|
|
|