Le
prélèvement d'organes :
une activité mal valorisée pour les établissements hospitaliers
Christine
BOUCHET
27 juillet
1999
Le
GHM
880 regroupe tous les décès immédiats, c'est à dire tous les séjours
des patients décédés dans les premières 24 heures d'hospitalisation.
En pratique toutes les hospitalisations dont la date d'entrée et
la date de sortie sont identiques et dont le mode de sortie est
le décès sont classées dans ce groupe, quels que soient la pathologie
du patient et les actes pratiqués.
Ce GHM est relativement
peu valorisé, il représente 560 points ISA
(Indice Synthétique d'Activité) sur l'Echelle Nationale de Coûts
1999 (1). Pour mémoire le séjour de
référence est l'accouchement par voie basse sans complication (1
000 points ISA), le séjour le plus faiblement valorisé est la séance
de radiothérapie (107 points) et le mieux valorisé la transplantation
cardiaque (21 792 points).
Cette faible valorisation
du GHM 880 est légitime quand le décès survient immédiatement après
l'entrée. En revanche quand des actes de réanimation intensifs ou
des actes chirurgicaux ont été pratiqués, le coût réel du séjour
sera très mal pris en compte.
Ce problème survient en
particulier dans le cas des séjours avec prélèvements d'organe en
vue de transplantation. Il s'agit souvent de patients ayant présenté
un accident vasculaire cérébral, mais aussi de sujets jeunes, ayant
subi un traumatisme grave, accidentés de la route notamment. Les
grandes fonctions vitales de ces patients en état de mort cérébrale
sont maintenues moyennant des actes de réanimation lourds, puis
leurs organes sont prélevés. Les prélèvements sont souvent multiples
: les deux reins, éventuellement le cur, le foie, le poumon,
le pancréas, parfois le bloc cur-poumon. En moyenne 3,4 organes
sont prélevés sur un sujet, ce qui implique des gestes chirurgicaux
importants.
Dans certains établissements
les prélèvements sont réalisés sur des patients déjà hospitalisés
notamment dans les services de neurochirurgie, et la procédure d'affirmation
de la mort cérébrale et la réunion des équipes de prélèvements prend
plus de 24 heures. Le séjour est donc classé dans des GHM chirurgicaux
bien valorisés.
D'autres établissements
reçoivent des hôpitaux périphériques des patients chez qui le diagnostic
de mort cérébrale est déjà posé. Dans ce cas la procédure est accélérée
dans l'intérêt des patients receveurs, les séjours sont généralement
inférieurs à 24h et sont classés par le logiciel
groupeur dans le GHM 880. Les actes chirurgicaux et de réanimation
sont donc très mal pris en compte.
Environ 160 établissements
hospitaliers sont autorisés à pratiquer les prélèvements d'organe
en France, et moins de trente en font régulièrement. C'est vers
eux qu'on dirige tous les patients candidats au prélèvement. Une
partie de l'activité de ces établissement, le prélèvement d'organes,
est donc sous estimé par le PMSI.
La prochaine version
de la classification en GHM, utilisable à partir du premier janvier
2000, modifiera notablement la prise en compte des séjours ambulatoires.
La future CM24 (Catégorie Majeure 24, pour l'instant "séances
et séjours de moins de 24h"), comprendra tous les séjours de
moins de deux jours, ce qui devrait dans l'ensemble augmenter la
valeur en point ISA des différents GHM. En revanche il est peu probable
que le problème spécifique des séjours avec prélèvements d'organe
soit pris en compte.
(1)
Echelle Nationale de Coûts 1999 : utilisée dans les établissements
publics sur les données PMSI de 1998.
L'exemple du
CHU de Caen par le Pr. H. Bensadoun, Service d'Urologie.
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juillet 1999
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