Les
guidelines en
pharmacoéconomie
Comparaisons
institutionnelles
Situations actuelles et perspectives
Florence
Baron
Dominique
ETIENNE
31 mai
2000
Le Canada
Le
système fédéral canadien aboutit à des décisions en matière de santé
structurées en 2 niveaux : au niveau fédéral, le Ministère
de la santé et du bien-être social (MHW : Minister of health
and Welfare), dont dépend la Direction Générale de la Protection
de la Santé qui enregistre les médicaments ; les autorités
provinciales et territoriales en charge de la politique de santé
locale, de sa gestion et de son financement. La collaboration Etat-province
est assurée par le Conseil des Ministres et le Comité Consultatif
CCOHTA. Le système dassurance maladie universelle nassure
pas la couverture médicamenteuse (excepté personnes âgées et nécessiteuses) :
les listes de spécialités remboursées (Drug Benefit Formulary) sont
établies par les autorités provinciales. Le prix des médicaments
est fixé par le Conseil dExamen des Prix des médicaments Brevetés
(CEPMB) (Patented Medicines Prices Review Board PMPRB) autorité
fédérale créée depuis 1987. Celle-ci donne une valeur maximale autorisée
au produit : les augmentations de prix sont possibles, mais
doivent être inférieures à lindice annuel des prix à la consommation,
dans le cas contraire, des baisses unilatérales et des déremboursements
peuvent être décidés.
La
substitution générique par les pharmaciens est autorisée par presque
toutes les provinces et dans certaines, la " sélection "
du produit le moins cher sur la liste provinciale est obligatoire.
Le gouvernement fédéral pousse aux mesures déconomie, qui
sont variables selon les provinces.
" Guidelines
for the economic evaluation of pharmaceuticals "
Dès
1991, la réflexion sur les guidelines dans le domaine de lévaluation
économique des médicaments débute en Ontario. Un comité national
se met en place en 1993 afin de coordonner les initiatives locales
de ce type, qui donne lieu à une première réunion de travail :
le Canadian Collaborative Workshop on Pharmacoeconomics réunissant
à la fois industriels, ministères de la santé, le PMPRB, le CCOHTA
et des experts indépendants. Le CCOHTA est désormais responsable
de lutilisation et de lapplication des guidelines dont
la version finale, soumise et acceptée préalablement par les échelons
locaux, a été diffusée en 1994.
Ce
sont les gouvernements locaux qui décident de rendre obligatoires
la soumission détudes pharmacoéconomiques suivant ces guidelines :
pour la plupart dentre eux cest le cas, les autres les
recommandant très fortement. Ces guidelines sont très évolutives :
la nécessité de les modifier est apparue rapidement, afin dintégrer
les avancées de la recherche en pharmacoéconomie et lexpérience
acquise par le CCOHTA grâce à leur utilisation pratique. La révision
a donné lieu à des recommandations modifiées en 1997. Elles privilégient
les analyses de type coût-bénéfice ou coût-utilité, qui permettent
les comparaisons inter études. Les études de minimisation de coûts
sont acceptées sil sagit de traitements ayant les mêmes
bénéfices thérapeutiques que des produits déjà existants. Le moment
de réalisation de létude ainsi que le choix des investigateurs
sont libres. La perpective détude est sociétale et le comparateur
est choisi en fonction de la pratique courante et de la pratique
minimale.
Lutilisation
de modèles est permise pour accéder aux données defficacité
réelle, si leurs hypothèses sont justifiées. Certains points sont
particulièrement détaillés : il faut séparer les données de
survie et de qualité de vie pour les analyses coût-utilité, en utilisant
trois types dinstruments : génériques, spécifiques et
mesures des préférences. Les Qalys sont notamment recommandés. Dans
le cadre danalyses coût-bénéfice, la disposition à payer doit
être évaluée.
Tous
les coûts et résultats sont listés en unités physiques puis valorisés
de manière monétaire et doivent être analysés de manière totale
et incrémentale. La valorisation des coûts seffectue sur la
base du " guide pour le processus dévaluation des
coûts " publié par le CCOHTA. La notion déquité
doit être intégrée dans la perspective de lallocation de ressources.
Les coûts et bénéfices futurs sont à actualiser à un taux de 5%
et une analyse de sensibilité doit être effectuée. Les guidelines
insistent enfin sur la transparence des relations entre chercheurs
et sponsors des études.
LAustralie
Le
remboursement des médicaments dépend de leur inscription ou non
au PBS (Pharmaceutical Benefits Schedule), réalisée par le Pharmaceutical
Benefits Advisory Committee (PBAC). En mai 1997, un système de prix
de référence a été instauré : les Therapeutic group Premiums
comparent les prix des médicaments de même indication pour définir
une valeur de référence par classe thérapeutique. Cette politique
entraîne des contraintes de prix bas pour lindustrie pharmaceutique.
" Guidelines
on preparation of submissions to the PBAC "
Le
PBAC compare le niveau de coût et defficacité réelle entre
produits nouveaux et existants pour toute inscription au PBS. En
1990, une première proposition de guidelines pour répondre à ces
exigences a été faite par un groupe dexperts et cest
en 1993 que les études pharmacoéconomiques sont rendues obligatoires
pour laccès au remboursement de tout nouveau médicament. Une
phase test dun an avait été réalisée, afin de finaliser les
guidelines grâce aux dossiers soumis de façon volontaire. LEconomic
SubCommitte (constitué déconomistes de santé, cliniciens et
consultants) est chargé de lexamen des dossiers auprès du
PBAC.
Les
guidelines sont strictes et détaillées. Elles nont de plus
pas été élaborées en concertation avec les industriels du médicament.
Leur révision en 1995 a augmenté leur niveau de détail. Les particularités
des guidelines sont :
- le comparateur
doit être la thérapie que la majorité des prescripteurs sont susceptibles
de remplacer ;
- les analyses
sont fondées sur des données issues dessais cliniques :
lefficacité clinique " efficacy " est
préférée à lefficacité réelle " effectiveness " ;
- le point
de vue des études est celui de la société ;
- les analyses
sont de type coût-efficacité ou coût-utilité, avec approche incrémentale ;
- une analyse
de minimisation des coûts suffit si aucun supplément de prix nest
demandé pour des produits de même efficacité thérapeutique ;
- les coûts
directs (médicaux ou non) sont inclus alors que les coûts indirects
sont seulement présentés en unités physiques.
Des
outils ont été mis en place pour faciliter les études : des
réunions dexperts qui travaillent sur la définition dindicateurs
de résultats cliniques et une liste de coûts standards unitaires
régulièrement mise à jour est à la disposition des industriels (Manuel
of resources items and their costs).
La
règle du PBAC est de hiérarchiser les sources de données :
en tête les essais cliniques randomisés comparatifs (" head
to head "), ensuite deux groupes dessais cliniques
randomisés avec référence commune, puis les études non randomisées
et enfin les opinions dexperts. Lactualisation des coûts
et bénéfices est prévue au-delà dun an, à un taux de 5%, qui
doit être testé dans lanalyse de sensibilité.
Ces
guidelines très directifs et exigeants feront lobjet dune
révision prochaine.
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