La
prévention des récidives d'infarctus par la simvastatine
Laurent
ALEXANDRE
15 avril
1997
La prévention
des troubles coronariens chez les patients dyslipidémiques est elle
rentable? Cela suppose de déterminer les coûts évités par le traitement.
En loccurrence on distingue trois principales sources déconomies:
les morts et invalidités évitées, les hospitalisations évitées et
lallégement des soins ambulatoires lié à une moins grande
agressivité de la maladie. En effet, la pharmaco-économie montre,
comme on pouvait sy attendre, que les coûts dune pathologie
sont proportionnels à lintensité de la symptomatologie. Le
coût de prise en charge dun angor instable est plus élevé
que celui dun angor parfaitement contrôlé par le traitement.
Létude
4S (Scandinavian simvastatin survival study) publiée
dans Lancet montre pour la première fois que le traitement hypolipémiant
permet de réduire dans des proportions importantes la mortalité
et la morbidité des patients coronariens. 4444 patients dyslipidémiques
ont été inclus dans cette étude en double aveugle simvastatine versus
placebo. Cette étude multi-centrique apporte une réponse clinique
quil importe de compléter par lanalyse pharmaco-économique.
La prévention
par la simvastatine a entraîné une réduction du taux spécifique
de mortalité de 30%, la fréquence des infarctus et des angors instables
est passée de 22,6% dans le groupe placebo à 15,9% dans le groupe
traité. Le taux dAVC était près de deux fois plus faible dans
le groupe simvastatine. Le recours à la chirurgie cardiaque ou à
langioplastie était de 17% dans le groupe placebo contre 11%
dans le groupe traité.
Le coût
du traitement doit sévaluer pendant la durée du suivi de létude
cest à dire six ans. Le coût moyen du traitement préventif
pendant six ans atteint environ 20000 francs par patient. Ce chiffre
inclut la surveillance et la prise en charge des effets secondaires
éventuels.
Voyons
à présent les économies. Le coût du séjour hospitalier dune
récidive dinfarctus ou dune décompensation cardiaque
atteint 21000 francs en clinique et 43000 francs à lhôpital
public. Un pontage coronarien coûte 190000 francs dans le secteur
public et 112000 francs en clinique. Langioplastie est facturée
en moyenne 26000 francs par les cliniques et revient à 63000 dans
le secteur public. La prise en charge initiale dun accident
vasculaire cérébral est de 22000 francs en secteur libéral contre
33000 francs dans les hôpitaux.
Il faut
intégrer les coûts de convalescence et de suivi ambulatoire des
patients, ainsi que les pertes de production liées aux décès précoces
et aux invalidités. Ces derniers coûts résument les potentialités
économiques perdues par la société du fait de linvalidité
ou du décès précoce.
Pour mille
patients suivis pendant 6 ans, le coût du traitement préventif par
inhibiteur de lHMG coA réductase atteint 20 millions de francs.
La simvastatine fait réaliser 66 millions de francs déconomies
à la collectivité. Le bénéfice global pour la société dépasse 45
millions de francs pour 1000 patients.
Lintérêt
économique de la prévention de linfarctus par les hypolipémiants
de dernière génération est évident. Il sagit dun exemple
remarquable dune thérapeutique coûteuse mais finalement très
rentable pour la sécurité sociale et bien sur dun point de
vue de vue humain et social. Ces chiffres mériteraient donc dêtre
complétés par une appréciation de lamélioration de la qualité
de vie des patients qui na pas été prise en compte dans cet
article.
Analyse
économique de l'étude 4S
Même si
notre pays bénéficie dune protection relative contre les cardiopathies
ischémiques en comparaison des autres pays de lOCDE,. près
de 40% des décès sont imputés à une cause cardio-vasculaire. La
cardio-économie devient donc une partie essentielle de léconomie
de santé. En effet, les pathologies cardiaques notamment ischémiques
sont à lorigine de coûts considérables. Cest pourquoi,
les ratios cout/efficacité des traitements cardiologiques deviennent
une préoccupation majeure des économistes.
Lévaluation
économique dune thérapeutique impose de comparer les coûts
et les économies quelle engendre pour la collectivité. La
valorisation économique des résultats des essais cliniques est possible
grâce à ladaptation des données étrangères aux spécificités
institutionnelles et économiques des autres systèmes de santé. Il
faut intégrer les coûts français dans létude et adapter les
fréquences des événements médicaux en fonction des spécificités
françaises dans lorganisation des soins. En loccurrence
cela suppose de valoriser le coût des événements médicaux, définis
dans létude 4S, aux prix français.
Le
coût de la prévention
Le coût
du traitement sévalue pendant la totalité du suivi de létude
cest à dire six ans. Le coût moyen du traitement préventif
pendant cette période est de lordre de 20000 francs par patient.
Cette somme correspond au prix français de la dose moyenne de simvastatine
administrée dans létude (somme remboursée par la sécurité
sociale plus le ticket modérateur) ainsi que la surveillance et
la prise en charge des effets secondaires éventuels.
Les
bénéfices
Les coûts
évités par la prévention des troubles coronariens chez les patients
dyslipidémiques sont de trois ordres : les morts et invalidités
évitées, les hospitalisations évitées et lallégement des soins
ambulatoires liée à une moins grande agressivité de la maladie.
En effet, la pharmaco-économie montre, logiquement, que les coûts
dune pathologie sont proportionnels à lintensité de
la symptomatologie. Le coût de prise en charge dun angor instable
est plus important que celui dun angor bien contrôlé.
Des
économies liées à une forte baisse des accidents cardio-vasculaires
Létude
4S fournit les données cliniques qui permettent de valoriser les
économies induites par cette prévention au long cours. Le traitement
hypolipémiant permet de réduire dans des proportions importantes
la mortalité et la morbidité des patients coronariens. La prévention
par la simvastatine entraîne une réduction du taux spécifique de
mortalité de 30%, la fréquence des infarctus et des angors instables
est passée de 22,6% dans la groupe placebo à 15,9% dans le groupe
traité. Le taux dAccidents Vasculaires Cérébraux était près
de deux fois plus faible dans le groupe simvastatine. En outre,
le recours à la chirurgie cardiaque ou à langioplastie était
de 17% dans le groupe placebo contre 11% dans le groupe traité.
La connaissance
des coûts de ces différents événements médicaux évités par le traitement
permet de déterminer les économies réalisées dans le bras Simvastatine
par rapport au bras placebo.
Les études
de comptabilité analytique réalisées en France montrent que le coût
du séjour hospitalier pour récidive dinfarctus ou pour décompensation
cardiaque atteint 22300 francs en clinique et 38000 francs à lhôpital
public. Un pontage coronarien coûte 155000 francs dans le secteur
public et 91300 francs en clinique. Langioplastie est facturée
en moyenne 26370 francs par les cliniques et revient à 42000 dans
le secteur public. La prise en charge initiale dun accident
vasculaire cérébral est de 15900 francs en secteur libéral contre
24000 francs dans les hôpitaux. A ces coûts directs, il faut ajouter
les coûts indirects liés aux frais de convalescence, aux longs séjours
post AVC....
Il faut
intégrer également que les pertes de production liées aux décès
précoces et aux invalidités. Ces derniers coûts résument les potentialités
économiques perdues par la société du fait de linvalidité
ou du décès précoce.
Pour mille
patients suivis pendant 6 ans, le coût du traitement préventif par
inhibiteur de lHMG coA réductase atteint 20 millions de francs.
La simvastatine fait réaliser 46 millions de francs déconomies
à la collectivité en incluant les coûts indirects liés aux décès
précoces. Le bénéfice global pour la société dépasse donc largement
le coût du traitement préventif. Les coûts des événements cardiologues
sont très élevés ce qui explique limportance des bénéfices
économiques liés à la prévention par la simvastatine.
Lintérêt
économique de la prévention de linfarctus par les hypolipémiants
de dernière génération est net. Il sagit dun exemple
remarquable dune thérapeutique coûteuse mais finalement très
rentable pour la sécurité sociale et bien sur dun point de
vue de vue humain et social. Ces chiffres mériteraient donc dêtre
complétés par une appréciation de lamélioration de la qualité
de vie des patients qui na pas été prise en compte dans cet
article. Ce point est loin dêtre négligeable puisque par exemple
le taux daccident vasculaire cérébraux définitifs est 66%
plus élevé dans le groupe placebo et lon sait combien la qualité
de vie après AVC est dégradée dans de multiples dimensions (1)
(2) (3).
1
- A model stroke classification scheme and its use in outcome research.
Reding-MJ SO: Stroke. 1990 Sep; 21(9 Suppl): II35-7
2
- Past achievements and new directions in stroke outcome research.
Gresham-GE Stroke. 1990 Sep; 21(9 Suppl): II1-2
3
- Measuring quality of life in stroke. De-Haan-R; Aaronson-N; Limburg-M;
Hewer-RL; van-Crevel-H Stroke. 1993 Feb; 24(2): 320-7
Réagissez
à cet article
Retrouvez tous
les dossiers en Economie de la Santé.
|