La
nouvelle procédure de demande dautorisation :
les fichiers dévaluation des pratiques de soins
http://www.cnil.fr
Nathalie
BESLAY
27
août 2000
Soucieux
du développement des fichiers ayant pour finalité lévaluation
des pratiques de soins et conscient des risques de dérives que de
tels fichiers sont susceptibles de générer, le législateur est intervenu
pendant lété 1999 en ajoutant une nouvelle procédure pour
certains traitements de données médicales nominatives au dispositif
français dencadrement de la mise en uvre de fichiers
nominatifs.
Rappel du cadre général " Informatique
et Libertés "
Et les fichiers dévaluation des pratiques
de soins ont été publiés
La nouvelle procédure de demande dautorisation
Sur le fonds
Rappel du cadre général " Informatique
et Libertés "
La
loi 78-17 du 6 janvier 1978 relative à linformatique, aux
fichiers et aux libertés a instauré le système français dencadrement
de la mise en uvre des traitements automatisés de données
nominatives et ce dans un objectif non dissimulé de protection des
personnes à légard des traitements de données les concernant
directement, et dans certains cas touchant à lintimité de
leur vie privée.
Ce
dispositif prévoit quelques garde-fous :
- déclaration
auprès de la Commission Nationale Informatique et Libertés (CNIL)
concernant les traitements de données nominatives et leur finalité ;
- information
des personnes concernées de lexistence de certains droits
offerts à ce titre : droit daccès et de rectification,
notamment, aux données qui les concernent ;
- mise en uvre
de mesures de sécurité destinées à assurer la confidentialité
et lintégrité des fichiers ainsi réalisés.
Certaines
données dites sensibles nécessitent le recueil préalable des personnes
concernées avant leur traitement. Tel est le cas des données relatives
par exemple aux croyances religieuses, aux appartenances politiques
et/ou syndicales, aux murs.
En
France, les données de santé ne constituent pas des données sensibles
au sens de la loi. Toutefois, une transposition de la Directive
européenne de 1995 relative à la protection des personnes à légard
des traitements de données devrait conduire prochainement le législateur
français à ériger au rang de donnée sensible toute donnée de santé
nominative. Dés lors, les traitements de données de santé nécessiteront
le recueil préalable du consentement de la personne concernée.
Dés
1994, le législateur a intégré une procédure spéciale pour les fichiers
ayant pour fin la recherche dans le domaine de la santé : il
ne sagit plus dune procédure de déclaration, mais de
demande dautorisation auprès de la CNIL, précédée de la sollicitation
de lavis dun Comité spécial dénommé Comité consultatif
sur le traitement de linformation en matière de recherche
dans le domaine de la santé, et à laquelle sajoute le renforcement
des protections des personnes (consentement, droit dopposition
).
Cette
procédure exclut de son champs dapplication les traitements
de données ayant pour fin le suivi thérapeutique ou médical individuel
des patients, qui demeurent soumis à la procédure de " droit
commun ".
Et les fichiers dévaluation
des pratiques de soins ont été publiés
Mobilisé
par la publication des résultats de fichiers réalisés au sein détablissements
de soins, jusque-là tenus secrets et portant sur lévaluation
des pratiques de soins, le législateur a souhaité que la CNIL contrôle
davantage la mise en uvre de tels fichiers, alors couverts
par le champ de la procédure de déclaration. Il a élargi cette procédure
aux fichiers relatifs aux pratiques de prévention.
Cette
nouvelle procédure ne sapplique ni aux fichiers mis en uvre
par les organismes dassurance maladie, ni aux fichiers mis
en uvre par les Directeurs de linformation médicale
(DIM) dans le cadre des obligations définies à larticle L
710-6 du Code de la santé publique.
Le
nouvel article 40-12 de la loi vise les fichiers concernés :
il sagit des fichiers constitués à partir des données issues
des traitements effectués dans le cadre de linformatique hospitalière
(article L 710-6 CSP), dans le cadre de lexercice libéral
des professionnels de santé et dans le cadre du système dinformation
de lassurance maladie.
Pour
définir le périmètre dapplication du nouveau dispositif, le
législateur sattache donc à lorigine des données et
impose en cas de traitements de ces données :
- linterdiction
du traitement des données permettant lidentification directe
des personnes concernées ;
- linterdiction
de la publication des fichiers en cas didentification possible
des personnes concernées.
La nouvelle procédure de demande dautorisation
La
CNIL instruit chaque demande de mise en uvre des traitements
susvisés en vérifiant :
- les " garanties "
présentées par le responsable du traitement : vraisemblablement
sa crédibilité et sa notoriété ;
- lobjet
social et la mission de lorganisme demandeur ;
- la nécessité
de recourir au traitement des données personnelles visées par
le demandeur ;
- la pertinence
du traitement au regard de sa finalité, cest-à-dire concrètement
le lien nécessaire entre les données traitées et lobjectif
poursuivi par le traitement.
La
CNIL détermine en outre la durée de conservation et contrôle les
mesures de sécurité envisagées.
Lautorisation
de la CNIL sera donnée dans les deux mois de sa saisine, son silence
gardé durant ce délai valant rejet.
Sur le fonds
En
tant quélément permettant lidentification directe des
personnes physiques, leur nom, prénom et numéro dinscription
au Répertoire national didentification ne peuvent être traités
au sein de tels fichiers.
En
outre, en cas de publication, l'identification des personnes concernées
ne devra pas être possible. En effet, même si leur nom, prénom et
numéro INSEE ne sont pas traités, dautres éléments didentification
pourront être collectés et traités, mais devront toutefois être
anonymisés avant toute publication des fichiers.
En
toutes hypothèses, les sanctions pénales demeurent en vigueur en
cas de non respect de ces obligations.
Cette
nouvelle procédure couvre donc tous les fichiers qui sont réalisés
au titre de lévaluation des pratiques de soins et de prévention,
tels que les fichiers mis en uvre dans le cadre des réseaux
de soins ou détudes en économie de santé ou de qualité des
prestations de santé.
En
létat, la CNIL na pas publié de nouveaux formulaires,
et indique de façon informelle quil convient dutiliser
les formulaires quelle publie au titre des demandes dautorisation
des fichiers en matière de recherche de santé.
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