Le
Panier de Biens et Services
Débat
Association
Dauphine
Economie de la Santé
Mathieu
OZANAM
26
août 2000
Isabelle
Durand-Zaleski
Isabelle
Durand-Zaleski est professeur de santé publique à lhôpital
Henri Mondor et directrice de lInstitut dEtudes de Politiques
de Santé (IEPS) qui organise des séminaires de formation à la demande
dinstitutionnels et/ou de particuliers.
Le
panier de biens et services peut être défini de quatre façons :
- en respectant
une égalité stricte entre les assurés (du type un homme égale
une voix) ;
- en fonction
des besoins de soins individuels de chacun ;
- en fonction
du " mérite " ;
- en laissant
le marché agir.
Sa
définition varie donc selon la culture de chaque pays. En France
cest la notion de besoins qui a été retenue pour la délivrance
des soins à une époque où les traitements disponibles étaient bien
moins nombreux quaujourdhui. La découverte des traitements
antituberculeux en 1954 marque un tournant dans lefficacité
de la prise en charge de maladies. Le champ des besoins sélargit
considérablement alors que les ressources à partir des années soixante-dix
augmentent de façon moins importante, rendant nécessaire une rationalisation
des dépenses de santé.
La
hiérarchisation devient incontournable. En Grande-Bretagne, cela
se traduit dans les faits dune façon qui peut nous paraître
brutale, mais qui a finalement sa propre logique. Nous avons tous
à lesprit le cas de ce fumeur invétéré, relaté par la presse,
qui continuait à fumer après sa greffe du poumon et à qui une seconde
opération a été refusée pour cette raison. En définitive, les soins
sont pris en charge au mérite.
La
Grande-Bretagne sest également donné pour objectif de santé
publique de sauver 300 000 vies en dépensant 210 milliards
sur cinq ans en plus du budget alloué annuellement. Des calculs
ont été réalisés afin de déterminer le mode de répartition de ces
fonds. Quatre priorités ont été dégagées :
- la prévention
du cancer des moins de 75 ans ;
- la prévention
des maladies cardio-vasculaires des moins de 75 ans ;
- la prévention
de la toxicomanie ;
- la prise
en charge des démunis.
Aux
Etats-Unis, lOregon Health Plan, créé en 1989, hiérarchise
tous les besoins selon des critères de coût-efficacité à partir
de couples pathologie-traitement (ex : cancer du sein
traitement ; leucémie-greffe de moelle). [Lire
à ce sujet notre étude de cas sur Oregon Health Plan]
Depuis
le cinquième plan, ce nest plus lexamen du rapport coût-efficacité
qui lemporte dans la constitution de la liste, mais les citoyens
consultés par le biais de réunions, telles que la Conférence Nationale
de Santé. Une commission dexperts désignée par le Congrès
contrôle et rectifie la liste dressée, puis des actuaires font une
estimation du budget avant que le Congrès ne ladopte sans
possibilité de modifier lordre des pathologies. La procédure
qui préside au choix est par conséquent tout à fait transparente
et ce qui nest pas inscrit dans la liste correspond à des
soins qui peuvent être considéré comme étant des soins de " confort ".
Les
Pays-Bas ont constitué 4 paniers séparés au financement autonomes
pour :
- les maladies
mortelles curables ;
- les maladies
mortelles non curables ;
- les maladies
non mortelles curables ;
- les maladies
non mortelles non curables.
Quoi
que cela ne soit pas officiel, il est possible de considérer que
le panier de biens et services existe en France. Il serait donc
plus sain de procéder à une expérimentation dans quelques régions,
celles-ci représentant un niveau démographique satisfaisant (chacune
accueillant peu ou prou 3 millions dhabitants) afin que
les choix soient pris en toute transparence.
Cependant,
aujourdhui, le débat sur le panier semble assez universitaire
et nest pas inscrit sur lagenda politique.
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26
août 2000
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