Le
Panier de Biens et Services
Débat
Association
Dauphine
Economie de la Santé
Mathieu
OZANAM
26
août 2000
Marc
Brodin
Marc
Brodin est professeur de santé publique au CHU Xavier Richard et
président de la Conférence Nationale de Santé.
La
Conférence Nationale de Santé que je préside, réunit environ 70 personnes
(pour un quart, ce sont des représentants des établissements de
santé, pour un autre quart des professionnels de santé libéraux,
pour un tiers des institutions régionales et pour un cinquième des
personnes qualifiées). Elle se réunit environ 5 fois tous les
trois ans à huis clos. Ses recommandations sont adressées aux Parlementaires
qui en prennent connaissance dans le cadre des débats sur le projet
de loi de financement de la Sécurité sociale.
La
Conférence sintéresse plus particulièrement à 10 priorités
définies à lorigine par Joël Ménard. Une centaine de propositions
ont été faites dans cinq grands domaines :
- lenfance
et la famille ;
- les infections
nosocomiales ;
- la place
des personnes âgées et la dépendance ;
- la prise
en charge des diabétiques non insulino-dépendants (DNID) ;
- les inégalités
daccès aux soins.
Les
thèmes de la santé mentale (et donc le suicide), les accidents et
la promotion de la santé ne sont pas abordés. Trois nouveaux sujets
ont été débattus cette année :
- la régionalisation,
avec la préoccupation doctroyer des budgets suffisants afin
de ne pas créer des inégalités inter-régionales et la question
de lautonomie de lexécutif régional ;
- la prévention ;
- le panier
de biens et services.
Accepter
lidée du panier de biens et services, cest admettre
que son contenu soit examiné, évalué et faire le choix dune
hiérarchisation et donc dune enveloppe budgétaire. Cest
glisser de la notion de santé à celle d" accès à
des services ". Il nest pas certain que largument
de la transparence qui a été avancé soit retenu par tous les acteurs
du système de soins aujourdhui. Il faut cependant reconnaître
que le progrès consiste à pouvoir en parler plus librement quauparavant.
Le
sujet amène une multitude de questions : comment définir ce
qui sera ou non pris en charge ? Quelle peut être la place
du régime complémentaire (les mutuelles, les Caisses de Prévoyance,
les compagnies dassurance) ? Lopinion publique
jette lopprobre sur les assureurs privés, mais ne pourrait-on
pas dire de la même façon que les mutuelles, qui sont organisées
sur une base professionnelle, fonctionnent de facto sur la sélection
des risques ?
La
Couverture Maladie Universelle (CMU) a fait un pas en direction
dun panier de biens et services en proposant une prise en
charge complémentaires des soins pour 1 500 F (lire notre
article "Les inconnues de la Couverture
Maladie Universelle").
Je
pense à titre personnel que lenjeu à relever pour le système
de santé réside dans la place que les usagers occuperont et même
revendiqueront à lavenir. La pertinence de lintervention
de lEtat est remise en cause, par exemple sur les questions
de la qualité, et la poursuite de la construction européenne va
leur permettre de se entendre davantage encore (lire notre article
La place des usagers dans le système de
santé).
Enfin
il faut souligner que cest parce que la médecine a fait dénormes
progrès que la question se pose aujourdhui des soins qui doivent
être pris en charge ou non par la collectivité.
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