"Santé
à domicile"
veut informer le grand public
Christine
Bouchet
20
septembre 2001
L'Assistance
Médicale à Domicile (AMD) permet à certains patients atteints de
pathologies lourdes de rester à domicile, et de mener une vie quasi-normale.
Jean Claude Lavorel, président et fondateur de LVL Médical, un des
prestataires privés spécialistes de l'AMD, a récemment publié "Santé
à domicile". Son objectif : mieux informer public et professionnels
sur ce type d'activité.
Un
secteur d'activité de plus en plus important
Le
secteur privé de l'AMD a d'abord concerné l'assistance respiratoire,
permettant le maintien à domicile des insuffisants respiratoires
chroniques nécessitant une oxygénothérapie. L'activité s'est progressivement
élargie, avec la perfusion à domicile (par exemple pour les
patients atteints de cancer, les mucoviscidoses, ou pour assurer
un traitement de la douleur), le maintien à domicile avec équipement,
et depuis peu la nutrition entérale à domicile.
Le
rôle du prestataire consiste à installer le matériel médical et
à en assurer la maintenance, mais également à coordonner les intervenants
paramédicaux auprès du patient. Il peut aller jusqu'à acheter les
médicaments pour un patient incapable de se déplacer.
La
nécessité d'un véritable service
Jean
Claude Lavorel se fait dans son essai l'apôtre de "l'esprit
de service", doctrine de LVL médical.
Il insiste sur la nécessité d'assurer au patient non seulement l'installation
d'un matériel performant et fiable, mais également un suivi technique
et une prise en charge psychologique. Ainsi, LVL médical assure
une permanence téléphonique 24 heures sur 24, dont le rôle est plus
souvent de rassurer le patient, mais qui permet également dans certains
cas de dépanner à distance ou d'avertir rapidement un technicien.
Le prestataire assure une information et une éducation du patient
à l'utilisation de son matériel, et grâce à ses agences décentralisées
peut assurer un service de proximité. L'intervention d'un assistant
technique est possible dans les deux heures, même en pleine campagne.
Un retard des pays européens
L'auteur
déplore le retard de l'Europe par rapport aux Etats-Unis ou au Canada
dans le cadre de l'HAD et du MAD. En France, il identifie plusieurs
raisons à ce retard :
- La culture
des professionnels de santé et l'hospitalo-centrisme fort,
- La crainte
des patients d'être sans recours à leur domicile,
- Les freins
structurels, tels que l'insuffisance des budgets alloués au secteur,
- La non fongibilité
des enveloppes, qui rend impossible l'utilisation de budgets accordés
au secteur hospitalier pour favoriser le maintien à domicile.
Il
pense cependant que de nombreux facteurs vont contribuer à l'essor
du secteur :
- L'augmentation
de la durée de vie et le vieillissement de la population tout
d'abord, qui rendent très nombreux les candidats au maintien à
domicile,
- L'évolution
des mentalités et la progressive acculturation des professionnels
et des patients,
- La nécessaire
diminution des dépenses de santé : l'hospitalisation à domicile
serait 3 à 10 fois moins chère que l'hospitalisation traditionnelle,
- L'évolution
des technologies enfin : les appareils médicaux sont de plus
en plus performants, de plus en plus fiables, de plus en plus
miniaturisé et mobiles, ce qui facilite notablement leur utilisation
au domicile du patient.
Service
au patient, mais également business rentable
Le
livre, illustré par des témoignages de patients ou de professionnels,
n'évite pas toujours la facilité et une certaine complaisance. Il
fait également totalement l'impasse sur les aspects financiers,
qui ne sont pourtant pas négligeables : la société LVL médical,
créée en 1989, est actuellement en pleine santé financière. Elle
a pris en charge plus de 150 000 patients à domicile, s'est
étendue en Europe en 1999 avec l'acquisition de la société allemande
Körner & Wagner et est côtée au second marché depuis
l'an 2000. Son chiffre d'affaires prévisionnel pour l'année en cours
est d'un milliard de francs. Ses activités se répartissent à 47%
en France, 43% au Royaume-Uni et 10% en Allemagne.
LVL
médical est effectivement positionné sur un marché dont le potentiel
est très important. Les experts du secteur estiment sa croissance
future à près de 10% par an. La société recentre actuellement son
activité sur des domaines à forte valeur ajoutée, et son ambition
est de dépasser le rôle de prestataire pour devenir une structure
alternative à l'hôpital et soulager les services d'urgence. Une
nouvelle filiale, baptisée LVL Net, vient d'être créée pour coordonner
les besoins des patients à la sortie de l'hôpital. Il s'agit d'une
plate forme téléphonique qui permettra d'organiser l'ensemble des
besoins sanitaires et sociaux des patients : interventions
des paramédicaux, livraison des repas, demande de services...
Un marché très réglementé
Le
marché de l'assistance médicale à domicile est particulièrement
réglementé. Les prestations, qui sont remboursées par l'Assurance
Maladie, sont soumises à accord préalable. Tous les produits et
appareillages fournis sont référencés au TIPS (Tarif Interministériel
des Prestations Sanitaires).
LVL
médical connaît depuis quelques semaines un désaccord avec la CRAMIF,
dû à des divergences d'interprétation sur les tarifications appliquées
à certaines prestations dans le cadre de l'oxygénothérapie à domicile.
Le conseil d'administration de la CRAMIF a même proposé de suspendre
pour 3 mois l'accès du groupe LVL médical au tiers payant pour les
patients d'Ile-de-France. La réaction de la bourse a été immédiate
et le titre a baissé de 60% en un mois (suivre
le cours de l’action). LVL médical a également eu droit à un
article sévère dans le Figaro économie du 12 juillet, citant un
professionnel qui affirmait que LVL médical pourrait être conduit
au pénal "pour escroquerie à l'assurance".
La
cotation du titre a été interrompue pendant quelques jours, puis
a repris début juillet. Jean-Claude Lavorel reste confiant, et annonce
qu'en cas de suspension effective la société prendra à sa charge
l'incidence financière qui n'aura aucune conséquence pour le patient.
Cette incidence financière ne représenterait au maximum que 2% du
chiffre d'affaires.
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