Essais
cliniques en ligne :
les conséquences sur
le métier d’ARC
Nicolas
de SAINT-JORRE et
Laurent
ALEXANDRE
27
novembre 2000
L'arsenal
juridique existant, de la déclaration d’Helsinki (1964)
au guide des " Bonnes Pratiques Cliniques "
du 3 juillet 1995, codifie de plus en plus rigoureusement
l'encadrement des essais cliniques. Or, l’application de cette
réglementation a nécessité une augmentation
et une évolution du personnel entourant la gestion des
essais cliniques. Les Assistants de Recherche Clinique (ARC) ont
ainsi un rôle important à jouer dans la mise en œuvre
de procédures de plus en plus complexes. Ils contrôlent
l’obtention du consentement éclairé des patients
de l’étude ainsi que la qualité des données
consignées sur les cahiers d’observations.
L'ARC joue un rôle
de plus en plus important dans la préparation et la réalisation
d’un essai clinique. Néanmoins, les tâches " administratives
et procédurales ", de plus en plus lourdes, tendent
à empiéter sur les autres aspects de cette profession.
Pourtant, les NTIC et notamment l’arrivée de l’Internet
dans le domaine de la recherche biomédicale pourraient
renverser cette tendance et amener la profession à évoluer.
Essais
cliniques classiques
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Essais cliniques
en ligne
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- Gestion très lourde
du papier
- Garantie limitée de
la validité des données avant visite sur site
- Absence de contrôles
des données sur les CRF papier
- Grand nombre de demande de
correction
- Impossibilité d’effectuer
une validation optimale du CRF papier par manque de temps
sur site
- Vérification quasi
impossible du respect de la séquence de randomisation
sur site
- Manque de promptitude dans
la déclaration d’un événement indésirable
grave
- Coût important d’une
visite sur site, surtout s’il n’y a que très peu
de données
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- Disparition du papier
- Disponibilité des
données en temps réel
- Contrôle en temps réel
des données saisies
- Peu de demande de correction
- Validation totale du eCRF
- Suivi des inclusions, de
la randomisation, des événements indésirables
plus efficace
- Déclenchement dynamique
des visites de monitoring
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Les ARC sont amenés
à se déplacer fréquemment, d’une part pour
mettre en place l’étude dans les centres, d’autre part
pour vérifier l’application du protocole de recherche,
détecter et corriger les éventuelles erreurs et
incohérences dans les données recueillies.
Ces activités
de monitoring se traduisent par une manipulation considérable
de papier. Dans bien des cas, elle se fait au détriment
de la vérification des données du cahier d’observation
par rapport aux données sources, et ce par manque de temps.
Un ARC en visite préfère ramener 10 cahiers
vérifiés à la va-vite que 2 cahiers
complètement validés.
Le problème
du coût de la visite est accentué par le fait que
l’Arc n’a qu’une vision très limitée de la quantité
mais aussi de la qualité des données avant sa visite
sur site.
La liberté de
saisie et le manque de contrôle des données au moment
de la saisie des cahiers d’observation rendent le traitement informatique
des données lors du Data Management très complexe.
En outre, l’absence de bornes limitant les valeurs pour des champs
numériques, par exemple, engendre inévitablement
un grand nombre de demandes de correction.
Dans le cadre d’un
essai clinique comparatif, le respect de la randomisation est
très difficile. Rien ne permet d’empêcher un investigateur
d’ouvrir une autre enveloppe que celle qui aurait dû être
ouverte !
En ce qui concerne
la déclaration d’un événement indésirable
grave, l’ARC est entièrement dépendant de l’investigateur,
qui doit lui faire parvenir les informations nécessaires
à la déclaration de l’événement aux
autorités compétentes en temps et en heure.
Par ailleurs, l’aspect
administratif prend de plus en plus le dessus sur les tâches
fondamentales que l'ARC doit effectuer. En allégeant cet
aspect aujourd’hui prépondérant du métier,
l'Internet pourrait aider les ARC à se ré-approprier
l’aspect médical de leur profession.
La conduite d'essais
cliniques via Internet permet de supprimer le support papier :
les ARC ne ramèneront plus de mallettes remplies des CRF
papier au Data Manager.
Autre avantage :
les données sont disponibles en temps réel. L’ARC
peut commencer son monitoring avant même d’aller sur site.
Il peut notamment détecter des problèmes de recrutement
de patient, des erreurs de saisie, la survenue d’événements
indésirables… Cette disponibilité permet aux ARC
de mieux préparer leurs visites de monitoring en se concentrant
sur les points problématiques.
Cependant cette évolution
n’est possible que dans la mesure où les investigateurs
s’impliquent massivement dans le monde de l’informatique et notamment
celui d’Internet. Cette formation peut être réalisée
par les ARC, ce qui ne peut qu'enrichir leurs relations avec leurs
Investigateurs.
De plus, un système
de recueil de données en ligne offre une traçabilité
complète des données, les utilisateurs devant s'identifier
avant de pouvoir accéder aux fonctionnalités de
l’outil.
L’utilisation de l’Internet
apporte également un plus aux ARC dans la mesure où
les outils de suivi De l’étude (courbe d’inclusion, tableau
de bord…) sont directement intégrés au système
de recueil de données électronique. Les visites
de monitoring sont dynamiquement déclenchées en
fonction des données réellement disponibles sur
le centre. Ceci se traduit par moins de visites sur site. Le suivi
des inclusions, de la randomisation et des événements
indésirables est beaucoup plus efficace.
Les nouvelles technologies
sont un progrès pour les ARC. Ils doivent néanmoins,
pour évoluer, prévoir des formations à l'utilisation
de l'Internet et plus particulièrement aux technologies
de recueil de données sur Internet. Cette évolution
du métier est inévitable, car la pénétration
de l’informatique dans le monde de la santé et l’arrivée
du dossier médical partagé sont inéluctables.
Tout l’enjeu de demain sera de pouvoir lier les essais cliniques
à ce dossier médical en accélérant
ainsi la phase de saisie. Dès lors, le rôle de l’Arc
risque encore de changer.