Céline
Scheidecker Gilles
18
novembre 2004
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Loi du 6 août 2004 relative à la protection
des personnes physiques à l’égard des traitements de données à
caractère personnel
En
ce qui concerne la protection des participants à une recherche
biomédicale, cette nouvelle loi couvre :
- d’une
part, la transposition en droit français de la Directive Européenne
95/46 du 24 octobre 1995 pour la protection des personnes à
l’égard du traitement automatisé des données à caractère personnel
et à la libre circulation de ces données ;
- d’autre
part, la modification de la loi du 6 janvier 1978 relative à
l’informatique, aux fichiers et aux libertés.
Elle
renforce la protection en faveur du patient et confère
à la CNIL des pouvoirs d’investigation et de sanction.
Le
champ d’application par rapport à la loi du 6 janvier 1978
est élargi. Il concerne les données à caractère personnel
(c’est à-dire l’information relative à une personne physique identifiée
ou qui peut-être identifiée, directement ou indirectement, par
référence à un numéro d’identification ou à un ou plusieurs éléments
qui lui sont propres), faisant l’objet d’un traitement,
c’est-à-dire toute opération ou tout ensemble d’opérations portant
sur des données quel que soit le procédé utilisé.
Par
rapport à l’ancienne loi, le "caractère nominatif"
est désormais qualifié de "caractère personnel",
tandis que la nouvelle loi ne concerne plus uniquement le
"traitement informatique" mais tout type de traitement.
Les
sanctions pénales sont alourdies : jusqu’à 5 ans d’emprisonnement
et 300 000 € d’amende. De même pour les sanctions administratives
qui peuvent désormais être prononcées directement par la CNIL.
Pour ces dernières la procédure est désormais la suivante :
-
avertissement ;
-
mise en demeure ;
-
sanction pécuniaire (de 150 000 à 300 000€ ou 5% du CA) ;
-
injonction de cesser le traitement ;
-
verrouillage de certaines données.
Il
faut veiller désormais aussi à prendre en compte certaines nouvelles
subtilités, comme celle du dépôt du dossier à la CNIL : après
2 mois à compter du dépôt du dossier, le silence de la CNIL vaut
rejet alors qu’il valait acceptation dans l’ancien système… !
Loi
du 6 août 2004 relative à la bioéthique
Initialement
prévues pour 1999, la révision des lois de bioéthique
de 1994 ont été repoussées à plusieurs
reprises. Finalement dans la nuit du 8 au 9 juillet 2004, le projet
de loi a été adopté, suivi de la publication
au Journal Officiel de la loi n° 2004-800 du 6 août
2004 relative à la bioéthique. Elle prévoit :
-
Une
interdiction totale du clonage reproductif puni de trente ans
de réclusion criminelle (à perpétuité
quand ils sont commis en bande organisée) et 7,5 millions
d’euros d’amende ;
-
La
création d’une Agence de Biomédecine compétente
dans le domaine des greffes, de la reproduction, de l’embryologie
et de la génétique humaine ;
-
L’autorisation
de la recherche à des fins thérapeutiques sur
les embryons humains congelés surnuméraires conçus
in vitro et sans projet parental et les cellules souches pendant
cinq ans à titre "dérogatoire", sous
réserve de l’accord de l’Agence de Biomédecine ;
-
Une
facilitation du don d’organe qui étend les donneurs
potentiels entre vivants aux parents au deuxième degré
(incluant ainsi oncle, tante, grands-parents, cousins...), ainsi
qu’à toute personne apportant la preuve d’une
vie commune d’au moins 2 ans avec le receveur ;
-
Un
élargissement du diagnostic préimplantatoire (DPI)
dans le cadre du "bébé du double espoir".
Si un couple a déjà un enfant atteint d’une
maladie génétique incurable, le recours au DPI
pourra permettre de choisir parmi les embryons indemnes de la
maladie, un embryon qui sera compatible avec l’enfant
malade. Un prélèvement des cellules du cordon
ombilical permettra de le sauver.
Alors
que le gouvernement estime avoir réaffirmé la non-brevetabilité
du génome humain, l’opposition dénonce un
texte qui ouvre la porte à de telles dérives. Par
ailleurs, elle se fait l’écho des réserves
de certains scientifiques qui estiment que le délai à
titre dérogatoire va continuer à handicaper la recherche
française.
(Source Doctissimo)
Conclusion :
les lois sont adoptées mais à quand les décrets d’application ?
Les
décrets en Conseil d’Etat des textes réglementaires et les arrêtés
explicatifs sur les modalités d’application sont nécessaires pour
rendre ces lois immédiatement applicables.
Concernant
la loi relative à la politique de santé publique,
à l’automne 2004, les étapes suivantes restent
à réaliser :
- avant-projet
élaboré par la DGS et l’AFSSaPS ;
- concertation
avec les partenaires de la recherche biomédicale ;
- puis,
dépôt du projet de décret au Conseil d’Etat d’ici la fin de
l’année 2004.
Une
publication des décrets d’application est attendue pour le premier
trimestre 2005.
Concernant
la loi relative à la bioéthique, c’est à
l’occasion d’une visite
de l’unité de fécondation in vitro de
l’hôpital Béclère que le ministre de
la Santé et de la Protection sociale , ainsi que le ministre
délégué à la Recherche ont en présenté
le premier
décret d’application relatif à l'importation
à des fins de recherche de cellules souches embryonnaires,
aux protocoles d'études et de recherche et à la
conservation de ces cellules.