De façon générale, les services offerts aident
les patients à mieux gérer leur santé. Ils
contribuent à la politique de gestion du risque centrée
sur le rôle des patients, et éventuellement à
une meilleure maîtrise du coût final. Internet représente
aussi un canal d'information et de communication supplémentaire
entre l'assurance et ses clients, qui se rajoute aux autres (agents,
call center ). Il présente de sérieux avantages
par rapport à ces moyens, et il est déjà utilisé
de manière intensive par certaines catégories de la
population.
Depuis
quelques années, aux Etats-Unis, les assurances ont développé
du contenu et des applications à destination du grand public
et de leurs assurés, en privilégiant ces derniers.
L'assureur Aetna
US Healthcare présente un espace privatif pour ses clients.
Blue Shield
of California fait de même : un gestionnaire de symptômes
(symptom manager) et une application de communication sécurisée
avec le médecin sont disponibles pour les assurés.
Chez Harvard
Pilgrim Health Care, les patients peuvent poser des questions
en ligne. En France, Axa
s'est lancée il y a peu, et propose des fiches pratiques
au grand public et des services personnalisés à ses
assurés.
Contenu,
communication, commerce : des rythmes de développement différents
Trois
grands types de services peuvent être développés
par les assureurs sur le web : du contenu médical ou médicalisé,
de nouveaux moyens de communication avec les clients, et des outils
de présentation, gestion ou commercialisation des contrats.
Le web permet de lier la présentation de ces services en
santé avec d'autres services dans d'autres domaines. Les
rubriques du site d'Axa
correspondent ainsi à des univers de besoins ("se loger",
"se déplacer", "préparer l'avenir",
"gérer son patrimoine" ), AGF
et Groupama
présentent des entrées par statut (étudiant,
célibataire, couple ).
Les
poids lourds comme Axa,
AGF ou Groupama
ont développé un call center puis leur site Internet.
Mais ils ont peu investi dans la vente en ligne, et semblent encore
dans une phase de réflexion en ce qui concerne les possibilités
de communiquer avec l'assuré, notamment le concept de question/réponse
médicale.
Le
contenu santé : information, orientation et self management
Les
contenus médicaux ou médicalisés qui intéressent
les assureurs visent à :
Informer
: notamment dans les domaines du dentaire et de l'optique, de
la prévention et des risques (vaccins, prévention
tabac, risques alimentaires, annuaires de ressources )
Orienter
: vers les professionnels partenaires de l'assurance si celle-ci
a développé de tels réseaux
Favoriser
le "self management" : appréhension des risques
par les patients, gestion de la maladie par le patient
Le
dentaire et l'optique constituent des segments naturels pour l'assurance,
mais diffuser un contenu qui va au-delà apparaît nécessaire
pour instaurer une relation forte avec l'assuré. Les assurances
seront aussi amenées à expliquer de façon croissante
leurs choix de remboursements. Si les assurés s'étonnent
de l'absence ou de la faiblesse du remboursement de certains soins/produits,
elles devront indiquer ce qui constitue à leurs yeux des
soins pertinents.
Les
principes d'agrément des professionnels partenaires peuvent
être expliqués aux clients. Des moteurs de recherche
aident à trouver ces professionnels (dentaire, optique, audio).
Ils représentent un service aux assurés, mais aussi
aux professionnels, dont l'attractivité augmente (lire l'entretien
avec François Mercereau, Directeur Santé chez
AXA).
De
nouvelles opportunités de communication avec les assurés
Potentiellement,
le couple web/courrier électronique permet de diffuser une
information de masse et personnalisée vers les assurés.
Le mail autorise une remontée d'information vers l'assurance
(sur les producteurs de soins, sur les produits ), sous la
forme d'enquêtes de satisfaction par exemple. L'assurance
améliore sa réflexion sur le "développement"
de ses services/produits, elle réfléchit à
de nouveaux ajustements de l'offre à la demande. Internet
est ici bien supérieur au téléphone, tuyau
étroit et qui ne permet pas un véritable échange
entre l'assurance et ses clients. Toutefois, ces potentialités
demandent à se concrétiser. Le coût de fonctionnement
des applications, la pertinence de l'information qu'il est possible
d'obtenir de la part des clients, l'utilité que ces derniers
retirent de la communication avec l'assurance, les contraintes d'usage
(temps, ergonomie ) représentent autant de facteurs
qui discrimineront entre les différentes formes de communication
possibles.
Plus
concrètement, des synergies entre call center et site Internet
sont d'ores et déjà mises en uvre. Les assurances
qui possèdent un call center ont acquis une expertise sur
le conseil santé aux assurés. Les fiches développées
pour guider les opérateurs dans leurs réponses téléphoniques
alimentent le contenu du site. Inversement, les rédacteurs
du site peuvent rédiger de nouvelles fiches selon les besoins
du call center. Même si les contenus doivent être retravaillés
pour être adaptés à leur fonction, des économies
d'échelle existent.
Présenter,
vendre et gérer les contrats
La
simple présentation d'un contrat sur le web est un exercice
difficile. Elle requiert une normalisation des produits, et une
attitude transparente de la part des assurances. Indéniablement,
cette tendance se fera au bénéfice du consommateur.
En amont, des présentations claires permettent aux assurés
de comprendre quels types de produits correspondent à leur
situation. A cet égard, le site de Natio
Vie, en assurance vie, propose un tableau qui croise efficacement
besoins et contrats.
La
question de fond est bien sûr celle de la distribution traditionnelle
des contrats d'assurance, et de son coût par rapport à
la valeur ajoutée qu'elle apporte. Le prix d'une assurance
se décompose de la façon suivante :
une part
incompressible, la prime pure (montant calculé par l'assureur
pour couvrir la charge des sinistres), 55%
une part
variable (45%) ventilée comme suit :
taxes, 25%
rémunération des réseaux physiques,
de 15 à 20% (sur la prime H.T.)
frais de gestion des compagnies : de 8 à 15 %
(sur la prime H.T.).
Pour
les spécialistes, la vente sur le net devrait aller croissant,
et permettre d'abaisser fortement le coût de distribution.
Ainsi, Assurdiscount.com
offre des polices de 25 à 30% moins chère que les
offres proposées dans les circuits de distribution traditionnels.
Le courtier en ligne commercialise quelques contrats santé
du groupe AXA.
Reflex, filiale
du groupe AZUR-GMF, vend des contrats en ligne depuis 1999. En-deçà
de la vente, l'assurance peut proposer des devis, comme AGF
pour son contrat Complémentaire Santé.
La
gestion du contrat peut aussi emprunter le chemin du net. Chez les
courtiers électroniques, les avenants et les déclaration
de sinistres (pour les contrats automobile et habitation) se font
en ligne. Les assurés pourront calculer leurs remboursements
santé (montant du remboursement, reste à payer), et
suivre leur déroulement. Dans un autre registre, le recueil
au travers des call center des devis des chirurgiens dentistes et
des opticiens pourrait aussi se faire sur le web.
Les
assurances : un acteur émergent de l'Internet en santé
Au-delà
de l'attrait des contenus santé proposés, les assurés
devraient assez naturellement visiter le site de leur assurance
: pour utiliser des moteurs de recherche sur les professionnels
de santé partenaires, pour des actes de routine de gestion
du contrat, pour obtenir les coordonnées d'un conseiller
installé à proximité de chez eux Le site
d'une assurance est articulé au monde réel, il repose
sur une logique click (site web) and mortar (le call center, les
professionnels de santé partenaires, la gestion du contrat,
les conseillers sur le terrain). De façon plus générale,
les assurances sont des acteurs naturels de l'Internet en santé.
Leur activité de gestion du risque se déclinera logiquement
sur Internet, comme on l'a vu avec les synergies existantes entre
site web et call center.
En
revanche, les formes d'investissement du web peuvent être
différentes. La plus immédiate est celle d'un site
qui porte le nom de l'assurance, et qui exprime tous ses domaines
d'intervention. Dans une logique de prestige et d'expertise en information
médicale, de gros assureurs peuvent financer des sites santé
généralistes qui ne leur sont pas directement rattachés.
Le site santé grand public Intelihealth
est une filiale de l'assureur Aetna US Healthcare, mais ce dernier
n'apparaît pratiquement pas sur le site. Blue Shield of California
est plus présent sur Mylifepath,
autre site grand public. Une troisième formule est concevable,
celle d'un site santé à part entière, relié
aux autres sites de l'assurance.