Novembre 1998

Gaëlle LAYANI

Le fil d'Ariane de l'Internaute

Science Panel on Interactive Communication and Health est élaboré par le Science Panel on Interactive Communication and Health (SciPICH), comité scientifique s’intéressant aux technologies et applications développées dans le domaine de l’échange d’informations en santé. Réuni sous l’égide de l’Office of Disease Prevention and Health Promotion du ministère de la santé américain, ce panel regroupe quatorze experts issus de disciplines aussi variées que la médecine, l’informatique, la santé publique ou les sciences de la communication. Face à l’afflux de technologies consacrées à l’échange interactif d’informations en santé (IHC, Interactive Health Communication), ce comité affiche clairement ses objectifs : mettre en garde contre la qualité inégale des informations et proposer une " grille " d’évaluation et de sélection des diverses applications mises à la disposition du public. Le panel doit publier à cet effet un rapport fin 1999.

L’Interactive Health Communication est définie comme étant " l’interaction d’un individu (consommateur, patient, soignant ou tout autre professionnel) avec un dispositif électronique ou une technologie de communication qui permet d’accéder à des informations ou d’en transmettre, voire de bénéficier de conseils sur une question ayant trait à la santé ". L’auteur cite à titre d’exemple les sites Web en santé, les groupes de discussion et les kiosques en ligne ainsi que les CD-ROM.

Le site propose nombre de conseils au public pour distinguer le bon grain de l’ivraie dans sa recherche d’informations médicales. Il renvoie notamment vers une série de sites ou d’articles anglophones de référence dans les domaines de la santé et de l’informatique de santé. Ces sites sont classés au sein de plusieurs catégories appelées à s’étoffer : évaluation, éducation, conférences, ou revues en ligne pour n’en citer que quelques-unes. Les sites suivants illustrent la variété des ressources proposées : American Medical Association (association représentant les médecins aux Etats-Unis), Health A to Z (moteur de recherche spécialisé) ou Health on the Net (HON) Foundation Code of Conduct (délivre un label aux sites respectant certains critères de qualité en termes de contenu médical) pour n’en citer que quelques-uns.

L’utilisateur peut en outre tester par le biais d’un questionnaire en ligne comprenant 20 questions la fiabilité d’un site et ainsi acquérir une " grille de lecture " et certains réflexes intellectuels lui permettant de juger de la qualité d’une information sanitaire. Il lui est, par exemple, demandé si selon lui les aspects commerciaux du site en influencent le contenu. S’il est souvent invité à sélectionner une réponse dans un menu déroulant ou à cocher des cases, le visiteur peut également faire part de ses commentaires dans des fenêtres prévues à cet effet.

De même, le site comprend un répertoire important de ressources sur l’évaluation des applications IHC : lignes directrices et recommandations, groupes de travail, sociétés et organismes, lettres d’information, congrès, articles, ouvrages, etc. Le visiteur peut enrichir ce recueil de ressources en proposant le nom d’un site ou le titre d’un document papier.

Tout un chacun (développeur d’applications ou utilisateur) peut également émettre un avis sur une technologie spécifique grâce à un formulaire en ligne intitulé Evaluation Reporting Template for Interactive Health Communication Applications Version 1.0 (rapport d’évaluation d’applications dans le domaine de l’échange interactif d’informations en santé). Ce formulaire a été élaboré par le comité et étudié par des agences gouvernementales, des chercheurs, des organisations de santé et des consommateurs. Il comporte quatre sections :

• identification des développeurs, sources de financement et public visé ;
• fonctionnalité et adaptation aux besoins des utilisateurs;
• performance (satisfaction des besoins) ;
• informations sur l’évaluateur.

Les commentaires, une fois saisis, alimentent une base de données consultable en ligne.

Les visiteurs peuvent aussi échanger leurs points de vue au sein d’un groupe de discussion interne au site.Outre une fonction Recherche et un accès direct à la base de données médicale Medline, il est possible de consulter les résultats de recherches pré-effectuées dans cette dernière sur des thèmes précis (par exemple, fiabilité des informations sur Internet ou évaluation des applications et technologies dans le domaine de l’information en santé). Enfin, une partie baptisée Glossary recense plusieurs liens vers des glossaires.

Voici donc d’un site très complet et didactique, destiné à guider le grand public dans sa " quête " de l’information en santé.

On peut déplorer qu’il n’existe pas (du moins à notre connaissance) d’équivalent francophone qui joue autant sur l’interactivité et l’échange serveur/internaute. Certes, les fournisseurs présents sur le RSS devront faire l’objet d’un agrément a priori accordé par un comité consultatif. Ils devront notamment signer une charte par laquelle ils s’engagent à respecter la déontologie médicale, à garantir " la neutralité des informations fournies pour les applications qui visent à apporter une assistance dans la formulation d'un diagnostic ou la dispensation de soins ou de traitements " à informer le patient et à assurer la " loyauté du service " et la " transparence sur les conditions de promotion du service ". Toutefois, il s’agit là d’un contrôle en amont effectué dans le cadre d’un réseau s’adressant d’abord aux professionnels de santé. Or, le profane, alléché par la profusion des informations médicales ou pseudo-médicales, constitue une proie rêvée pour le " cyber-charlatan ". Il est par conséquent regrettable qu’on ne le forme pas plus à exercer sa vigilance et son esprit critique.

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