Les
facteurs de la concentration
Sommaire du
dossier
Laurent
ALEXANDRE, Christine
BOUCHET
30 août
2000
Suite et fin (2/2)
Les facteurs qui fragilisent les start-up
Tout va très vite sur
le Net. Cependant il apparaît que dans certains secteurs, la concentration
sera accélérée par certains facteurs qui fragilisent les nouveaux
entrants.
Un besoin aigu de capitaux
Les nouveaux arrivés
sur le Web ne peuvent survivre qu'en se faisant connaître. Ceci
implique des campagnes de communication coûteuses dans les media
classiques, et des frais marketing très élevés. Ils doivent dans
tous les cas financer l'exploitation de leurs services en ligne
(locaux, plate forme informatique, salaires), alors même qu'ils
n'ont aucune source de revenus. Ainsi, PlanetRx,
qui figure pourtant dans le tiercé de tête des pharmacies électroniques
aux Etats-Unis, a été confrontée à de sérieuses difficultés financières
et a dû licencier 70 salariés en juin 2000. Dans certains secteurs,
comme celui des fournisseurs d'accès, l'évolution rapide des technologies
implique un investissement matériel important et des mises à jour
fréquentes.
Les start-up qui se
retrouvent à court de financement n'ont aucun moyen de survivre
isolément. Elles doivent donc s'adosser à des structures industrielles,
ou s'allier à d'autres start-up.
Des business models fragiles
La rentabilisation
d'un site Web, notamment dans le secteur BtoC, peut être fortement
aléatoire. Les revenus issus de la publicité et des partenariats
(sites portails généralistes, FAI comme Caramail
ou LibertySurf,
sites spécialisés comme Aufeminin),
sont totalement conditionnés par l'audience. Certains modèles sont
particulièrement incertains : achats groupés, enchères on line.
Dans le secteur BtoB, la vogue des market places se heurte à la
difficulté de fédérer les vendeurs et de présenter un catalogue
de produits suffisamment exhaustif.
Les stratégies de fusion-acquisition
ont pour objectif de multiplier les sources de revenus et de diversifier
les activité pour construire des business-models viables, tout en
recherchant des économies d'échelle. Les fusions entre acteurs complémentaires
permettent de tirer parti des compétences acquises par les uns et
les autres en limitant les investissements, ainsi que l'ont fait
la pharmacie traditionnelle CVS
et la e-phamacie soma.com en se rapprochant (lire Le
nombre de fusions-acquisitions sur le Web a augmenté de 700 % entre
1998 et 1999).
La nécessité de disposer
d'une marque forte
Dans le secteur du
Web comme dans le commerce classique, le capital de confiance accordé
à une marque déjà connue est très important. C'est ainsi que les
courtiers en ligne comme Consort ou BNPNet, adossés à une grande
société bancaire, se sont imposés très rapidement au détriment des
pure players. Cet impact majeur de la marque favorise le rachat
de sociétés purement Web par les acteurs traditionnels.
La logique des usages
Les nouvelles technologies
influencent le comportement du consommateur, mais ne modifient pas
forcément ses habitudes en profondeur. Il est courant d'effectuer
un achat imprévu en flânant dans les rayons d'un supermarché, il
est plus rare d'entrer "par hasard" dans une boutique
spécialisée. Ainsi les portails généralistes, ou les grands sites
de vente de consommation courante (Houra,
Telemarket,
Ooshop) ont
de bonnes chances d'attirer l'internaute vers des ventes promotionnelles.
En revanche l'acquisition du réflexe de se rendre sur des sites
de comparaison de prix (Kelkoo)
n'est pas immédiate et nécessite une éducation. Ces sites, comme
les sites d'achats groupés, ont peut être vocation à figurer comme
sous rubrique d'un portail du e-commerce.
De même, il paraît logique
de s'adresser à sa banque pour faire un emprunt. Il sera difficile
aux sites spécialisés dans le crédit de faire acquérir aux gens
le réflexe de les consulter.
Une dynamique encore
mal comprise
La stratégie de certains
acteurs a des effets latéraux parfois inattendus, et difficilement
prévisibles. Ainsi, la campagne de communication très ambitieuse
de Houra a indirectement
dopé les ventes de ses concurrents. Certains nouveaux entrants,
avec une excellente stratégie marketing parviendront peut être à
s'imposer et à modifier les réflexes habituels. Il auront à terme
une influence difficile à anticiper sur tous les acteurs du secteur.
Une concurrence très forte
Les secteurs les plus
porteurs sont aussi ceux qui attirent le plus de compétiteurs. Un
nombre élevé de concurrents rendra d'autant plus difficile l'aggrégation
d'audience et la rentabilisation. Les petites sociétés, disposant
de moyens financiers limités, sont alors fragilisées et tendent
à disparaître ou à être rachetées par leurs concurrents les plus
solides.
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