Les
tendances
Cédric
TOURNAY
10 décembre
1999
Suite (4/5)
Le recours à une mascotte et le star
marketing
Pour
humaniser le commerce électronique, les opérateurs utilisent de
plus en plus un personnage pour personnifier le site, se différencier,
créer une complicité avec les utilisateurs et orienter, mine de
rien, leurs gestes. Les mascottes gèrent une partie de la démarche
human touch tout en restant à distance. Elles servent
notamment à former les internautes, en leur montrant comment utiliser
le service.
Les
sites ont ainsi pu utiliser des personnages imaginaires, comme Capsule,
lassistant virtuel du site e-sante
(développé par La Strasbourgeoise), qui accompagne le visiteur dans
le remplissage dun devis pour une police dassurance
(complémentaire santé). Boo, pour sa part, surfe sur le succès des
icônes féminines virtuelles (mode lancée par Lara Croft) et invente
Miss Boo, plantureuse hôtesse conçue en Flash pour accompagner les
visiteurs à lintérieur du site.
Là encore, le recours
à une mascotte doit relever dune stratégie mûrement réfléchie
et dun accompagnement fort. La guerre des mascottes, sur le
Web, fait rage, les personnages emblématiques des sites formant
une armée de supplétifs prêts à en découdre par tous les moyens
(spots télé, radio, campagne daffichage nationale) pour faire
connaître lURL de leur maison au détriment de celle du concurrent.
La
mascotte la plus en vogue du Web, aujourdhui, est Simone,
lhôtesse du site iBazar. Sur le marché hyper-concurrentiel
des enchères électroniques, le recours à cette mascotte relève du
coup de génie. Simone est marrante, elle représente linternaute
type des années 2005, quil faut bien commencer à attirer sur
le Web. En la montrant à luvre en train de revendre
sa vieille voiture sur le Web, les pubs pour iBazar devance ainsi
la démocratisation du Web et laccompagne.
Simone, cousine germaine
de Mrs. Doubtfire et de Mamie Nova, dote le service dune identité
forte. Pour se différencier et acquérir un capital de sympathie
supérieur (gage de succès sur un marché où les applications sont
de purs me-too), les concurrents de iBazar doivent désormais faire
preuve dimagination, et renforcer leurs budgets publicitaires
La mascotte dun
site peut aussi être une star du cinéma, de la télévision ou dun
domaine lié à lactivité dun site. Un site médical peut
ainsi développer son identité via le parrainage dune célébrité
reconnue pour son engagement ou son expertise (chercheur, médecin,
etc.). Le site Solidarité
Sida fut par exemple organisé autour du personnage dAntoine
de Caunes, également parrain de lassociation.
Cette tendance fait
fureur aux Etats-Unis, où limpératif de différenciation conduit
les start-up à actualiser les vieilles recettes publicitaires, où
les stars promeuvent un produit et lui confère une identité. Comme
les start-up nont pas les moyens financiers des grands industriels,
elles tendent aujourdhui à rémunérer les célébrités par le
biais dactions, comme pour leurs cadres. Les stars sont ainsi
intéressées sur le long terme au succès des sites Web, et multiplie
leurs efforts pour faire connaître ladresse du site et encourager
leur fans à utiliser le service.
Lactrice Whoopi
Goldberg, le top-model Cindy Crawford (pour le site de mode eStyle,
où elle anime le " Cindy corner "), la
chanteuse Lauryn Hill ont déjà associé leur nom et leur visage à
des services en ligne. Whoopi Goldberg promeut le site Flooz.com,
système de monnaie-cadeaux concurrent de Beenz.
Elle est ainsi devenue une des premières actionnaires de cette start-up,
derrière les fondateurs et les investisseurs. Elle prend même le
temps danimer une rubrique jeux-concours sur le site, et imprime
à lensemble une touche dhumour.
William Shatner, un des acteurs de Star Trek assure pour
sa part la promotion de Priceline.com
(commerce électronique) contre 100 000 actions (valorisées
à 7,5 millions de dollars début novembre 1999).
Ces stratégies promotionnelles,
bien que risquées (les entrepreneurs du Web doivent apprendre à
gérer les caprices de stars et leur popularité en dents de scie),
savèrent le plus souvent très profitables. Pour les stars,
le principal risque réside évidemment dans léchec du service
auquel elles sont associées. Dans un tel scénario, elles ne gagnent
pas dargent et leur nom se trouve abîmé.
Malgré ces risques,
le star marketing connaît un développement impressionnant
sur le Web américain, dont les répercussions devraient par mimétisme
toucher le Web européen dici quelques mois. Déjà, des agences
spécialisées et des imprésarios proposent de monter des campagnes
de ce type, se positionnant en intermédiaires entre les célébrités
et les sites Web.
En santé, un site entier
est construit sur ce principe, adoctorinyourhouse.com.
On y voit Roger Moore intervenir, aux côtés dun médecin, pour
prévenir les internautes contre les risques de cancer de la peau
(une mauvaise protection contre les rayonnements solaires a sensibilisé
lacteur à ce problème de santé publique sur les tournages
de James Bond).
Suite
et fin (5/5)
10
décembre 1999
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