Février
2001
1er
février 2001
suite et fin (2/2)
L’acteur
traditionnel de la grande distribution s’est donc lancé dans le
commerce électronique. Il n’est pas le premier puisque Casino avait
pris une participation de 10% dans la société de vente de produit
dermo-cosmétiques VitaGo en lui ouvrant sa centrale d’achat en France.
Malheureusement, VitaGo, société d’origine allemande éprouvant quelques
difficultés de financement, a décidé de stopper net son développement
européen (Angleterre, Italie et France). Les dirigeants français
n’ont pas réussi le pari de réunir les fonds nécessaires pour reprendre
le flambeau et VitaGo.fr
est aujourd’hui en liquidation judiciaire. Cette fin inattendue
a déçu Nicolas Riché plus qu‘elle ne l’a effrayé : « C’était
un de nos concurrents les plus sérieux. C’est d’autant plus dommage
que ce n’est pas réellement la loi du marché qui en a voulu ainsi.
VitaGo enregistrait plus de 100 commandes par jour donc pour nous,
la demande est là ! ». A la question de l’intérêt de séparer
Ooshop et CarrefourBeauté – deux sites qui, a priori, ont les mêmes
cibles – Nicolas Riché répond que la mise en avant de compétences
dédiées aura un impact positif sur l’image et la réputation du site.
Même pour la livraison, aucune collaboration n’a été mise en place
avec les autres sites de vente sur Internet du groupe. Il est vrai
que la taille du colis moyen ainsi que les contraintes liées aux
produits (chaîne du froid, etc.) ne sont pas les mêmes.
A
l’heure actuelle, il est un peu tôt pour parler de chiffre d’affaire
(CA) mais il est admis chez Carrefour qu’un tel site doit dépasser
300 millions de francs de CA pour espérer atteindre la rentabilité.
Ce chiffre reste faible comparé aux plusieurs milliards de francs
de CA réalisés par le groupe Carrefour sur ce secteur. Pour l’approvisionnement,
CarrefourBeauté s’appuie sur la structure du groupe puisqu’un espace
leur est dédié dans les entrepôts Carrefour de la région parisienne.
En terme de communication, CarrefourBeauté ne compte pas faire de
campagnes publicitaires mais plutôt s’appuyer sur le réseau des
hypermarchés pour se faire connaître du grand public.
La
mésaventure de VitaGo a tout de même démontré qu’il ne suffit pas
d’être adossé à un acteur robuste de la distribution pour changer
du jour au lendemain les habitudes d’achat du grand public. Le marché
de l’hygiène et de la beauté sur Internet n’est peut-être pas assez
ouvert pour espérer atteindre une taille critique. Il est vrai que
les produits concernés supportent assez mal la dématérialisation.
Une autre raison pourrait être la préférence de nombreuses marques
de parfumerie et de cosmétiques (Dior, Shiseido, etc.) pour la distribution
sélective. A ce sujet, Nicolas Riché affirme que ce n’est qu’une
question de temps et que ces marques accepterons tôt ou tard ce
nouveau mode de distribution. En effet, les chaînes de parfumeries
arrivent aussi sur le Net, à l’image de Marrionnaud qui annonce
tout de suite la liste des marques qui ont autorisé leur distribution
sur Internet. L’avenir nous dira si la généralisation de la vente
en ligne favorisera la modification des contrats de distribution
sélective…
La
stratégie du groupe Carrefour apparaît donc clairement. Le développement
de cette activité e-business n’a pas pour vocation de redynamiser
les ventes de produits d’hygiène et de beauté. Il leur permet plutôt
d’affirmer leurs compétences dans ce domaine et de se positionner
sur ce nouveau mode de distribution dès maintenant, pour apparaître
demain comme un acteur traditionnel et incontournable de la vente
en ligne.
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1er
février 2001
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